Résumé de la 3e partie n Maltraitée par son mari et sa belle-mère, la malheureuse Nora meurt en couches. Si H'nifa n'a aucun état d'âme, Amar, lui, est rongé par le remords. Quelques jours après, en s'approchant du berceau où le bébé dort, Amar constate que sa couverture est remontée jusqu'au nez. Il la retire aussitôt, prend le bébé dans ses bras, essaye de le réveiller, en vain. Il s'affole et appelle sa mère. «Elle ne bouge plus ! — Donne-la-moi, dit H'nifa qui comprend du premier coup d'œil que l'enfant est mort. — Je l'ai trouvée avec la couverture remontée jusqu'au nez ! — Elle s'est étouffée !» Amar fond aussitôt en larmes. «C'est ma faute, j'ai remonté la couverture trop haut ! — Tu ne pouvais pas savoir ! — Je t'ai dit que c'est ma faute ! Après avoir tué la mère, j'ai tué sa fille ! — Ne répète plus ces paroles !» Elle remet l'enfant au lit et se tournant vers son fils, elle dit, le sourire aux lèvres : «C'est Dieu qui te débarrasse d'un fardeau, désormais tu pourras te remarier, avoir d'autres enfants... Tu comprends ?» Mais Amar ne comprend plus sa mère. «Comment Dieu peut-il me pardonner alors que j'ai tué la mère et la fille ? — Ce sont des accidents... Ta femme est tombée du lit et ta fille est morte, étouffée par ses couvertures ! — C'est moi qui les ai tuées, toutes les deux....» Il n'ira pas à l'enterrement de la petite que H'nifa inhume elle-même : plus personne, au village, ne veut parler à celle que désormais, tout le monde, appelle la Vieille de l'Enfer, Aâdjouzet al-nnar ! Amar, lui, se renferme encore davantage. Il ne mange presque plus, ne dort pas et, pour la première fois de sa vie, n'obéit plus à sa mère. Il lui arrive même de lui faire des reproches : «C'est toi qui me poussais à battre Nora. C'était une brave fille, qui n'avait personne au monde pour la défendre... — Elle n'écoutait pas ce que je lui disais, tente de se défendre H'nifa. — Elle trimait du matin jusqu'au soir, continue Amar, n'entendant pas ce que dit sa mère. Elle ne soufflait jamais, et moi qui la battais... Est-ce sa faute si elle a mis au monde une fille ? Est-ce sa faute ? — Tu te tortures pour rien, dit H'nifa. — Et la petite, continue Amar, les yeux ruisselant de larmes, je l'ai négligée... Je suis responsable de sa mort, à elle aussi ! — Ne pense plus à cela. Dans quelques jours, j'irai te chercher une fille, plus belle et plus obéissante que Nora, elle te donnera de beaux enfants, tu recommenceras ta vie !» Mais Amar est inconsolable. «J'ai tué ma femme et ma fille, j'ai tué ma femme et ma fille... La malédiction de Dieu est sur moi, jusqu'à ma mort !» (à suivre...)