Le 19 décembre 2005, celui que personne n'attendait quelques mois auparavant, a réussi l'exploit d'être le premier Amérindien à accéder à la plus haute fonction de l'Etat de Bolivie. Evo Morales, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est issu d'une modeste famille de paysans indiens. Il doit rapidement (au lycée) stopper sa scolarité et gagne alors sa vie (en tant que maçon, boulanger ou bien encore trompettiste) avant d'effectuer son service militaire obligatoire. Il devient finalement cultivateur dans la zone tropicale au centre du pays. Face aux injustices dont lui semblent être victimes les exploitants de coca, presque tous Indiens, il décide de s'engager et manifeste sa rancœur vis-à-vis des Etats-Unis qui, selon lui, nuiraient aux petits exploitants sous le couvert de la lutte contre les narcotrafiquants. Il devient rapidement le dirigeant du mouvement des cocaleros, puissant syndicat des cultivateurs de coca, puis chef de son propre parti politique, el Movimiento al socialismo (MAS), qui se place le plus à gauche sur l'échiquier politique bolivien. Contrairement à nombre de dirigeants syndicaux dont la rhétorique est la principale arme, Evo Morales est d'un tempérament plus discret et s'est parfois révélé être un piètre orateur. Evo Morales est proche de Hugo Chavez dans sa vision socialiste de l'Amérique latine, toutefois avec une conception indigéniste plutôt que bolivarienne, et aussi de Fidel Castro.