Opposition n Les démocrates ont immédiatement rejeté le nouveau plan Bush pour l'Irak, tout en se divisant sur les moyens d'entraver sa mise en œuvre. Quelques minutes après l'allocution télévisée de George W. Bush présentant sa stratégie de la dernière chance pour sauver la situation en Irak, le numéro deux démocrate au Sénat, Dick Durbin, a rejeté sa nouvelle stratégie. Il a estimé qu'il était temps de retirer les troupes américaines et de laisser l'Irak s'en sortir seul. «Le temps est venu pour les Irakiens de défendre leur nation eux-mêmes. Le gouvernement irakien doit maintenant prouver qu'il peut prendre les décisions politiques difficiles qui mettront fin à cette guerre civile sanglante», a affirmé le sénateur démocrate. «Ce soir, le président Bush a reconnu ce que la plupart des Américains savaient déjà : nous ne gagnons pas en Irak malgré le courage et l'immense sacrifice de nos soldats. En fait, la situation s'aggrave», a ajouté M. Durbin. «L'escalade dans cette guerre ne correspond pas à ce qu'a demandé le peuple américain lors de la dernière élection», perdue par le parti républicain du président, a-t-il ajouté. La sénatrice démocrate Hillary Clinton a évoqué «incompétence et arrogance» pour qualifier la nouvelle stratégie de Bush. Elle ne soutiendra pas l'envoi de nouvelles troupes en Irak. «Comme nos généraux l'ont indiqué de façon répétée, l'Irak a besoin d'une solution politique, pas seulement militaire et nous n'avons pas entendu une telle proposition ce soir», a estimé Mme Clinton. Mais dans ce chorus de voix démocrates pour dénoncer les mesures de Bush percent déjà des divergences quant à la stratégie à adopter pour contrer leur mise en œuvre. Comme l'a rappelé le nouveau président de la commission des Affaires étrangères au Sénat, le démocrate Joe Biden, peu de choses peuvent être faites au Congrès pour s'opposer à l'envoi de nouvelles troupes même si plusieurs démocrates rêvent de bloquer le vote de fonds supplémentaires ou d'exiger une nouvelle autorisation du Parlement pour des opérations militaires en Irak. Le sénateur Edward Kennedy, opposé depuis longtemps à l'occupation américaine en Irak, a déposé mardi une proposition de loi qui imposerait à M. Bush d'obtenir l'accord préalable du Congrès avant d'envoyer des troupes supplémentaires. Mais cette démarche de confrontation n'a pas les faveurs des dirigeants de la nouvelle majorité qui préféreraient un vote symbolique rejetant le nouveau plan du président en l'isolant. Le sénateur démocrate Jack Reed s'est dit persuadé que même un simple vote de désapprobation symbolique pouvait ébranler la détermination de la Maison-Blanche. «Ce message politique, couplé avec l'opposition de l'opinion publique, devrait, je pense, faire réfléchir le président à une meilleure stratégie», a affirmé cet élu. Ce jeudi, les démocrates auront une première occasion de mettre en défaut la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice et le ministre de la Défense Robert Gates, convoqués à une série d'auditions sur la guerre en Irak. «Lors de nos auditions, nous établirons la vérité sur ce qui se passe en Irak et puis nous voterons», a indiqué Nancy Pelosi.