Spectacle n La poésie du corps, sa beauté, sa personnalité, sont joliment exprimées dans une esthétique lascive lorsque les protagonistes se mettent à danser le flamenco. La salle Ibn Zeydoun (Riad-el-Feth) a accueilli, dimanche, un spectacle de la troupe espagnole Albadulake mêlant jeux de cirque contemporain et performances de flamenco. En une heure, la scène se transforme en un lieu de spectacle : chants, musique et danses, jonglerie, acrobatie et même clownerie. Il s'agit en fait d'un spectacle de rue pluridisciplinaire sur scène. Six protagonistes (deux femmes et quatre hommes) partagent la scène et entrent dans un jeu de complicités, créant des attitudes relationnelles et des rapports de réciprocité. Le dialogue s'articule et s'énonce au niveau de la gestuelle : les protagonistes se donnent la réplique par les gestes, le mouvement du corps lorsque celui-ci, agile, se meut sur place ou se déplace, ici et là, dans l'espace scénique par pas de danse ou encore par bonds acrobatiques. Le sujet en tant qu'être s'efface derrière le corps qui, lui, devient l'élément intrinsèque de la scène. Il devient l'élément clé du jeu. C'est lui qui mène le jeu, le crée au fur et à mesure, au fil du mouvement. C'est lui qui agit sur l'instant, sur scène, il nomme l'espace, le personnalise. Il l'inscrit de sa présence qui se révèle de caractère et d'influence. Il agit également sur le regard, celui de l'observateur, le public ; celui-ci ne le lâche pas des yeux : il le regarde, l'admire, l'apprécie tant que sa performance se dit avec une verve corporelle des plus expressives, et avec une tournure – toujours physique – chargée d'inspiration, créant ainsi une poétique du corps. La poésie du corps, sa beauté, sa personnalité, sont joliment exprimées dans une esthétique lascive lorsque les protagonistes se mettent à danser le flamenco. Le corps se dévoile, se déploie, se prolonge dans l'espace pour s'offrir avec générosité, tel un présent, à notre regard. Le public, lui, n'a plus qu'à applaudir. Il est à souligner que le spectacle, organisé par l'Institut Cervantès (Centre culturel espagnol d'Alger), s'inscrit dans le cadre de la manifestation culturelle «Alger, capitale de la culture arabe». Il est aussi à rappeler que l'Institut a élaboré, à cette occasion, un programme artistique et culturel s'étalant sur toute l'année.