Perspective n Le théâtre régional de Béjaïa a retenu, dans le cadre de la manifestation «Alger, capitale de la culture arabe 2007», deux nouvelles pièces, œuvres de Rachid Mimouni et de Léonardo Fibonnacci. La première, une fiction adaptée du roman de Rachid Mimouni, Le fleuve détourné, et la seconde, une chronique réaliste, puisée du séjour du mathématicien italien Léonardo Fibonnacci à Béjaïa au XIIe siècle. Deux œuvres qualifiées de «difficiles», l'une en raison de sa trame lourde et de ses paraboles, l'autre à cause de sa thématique obscure que le dramaturge, Omar Fatmouche et Lucas Radaelli, metteur en scène et directeur du théâtre Invito de Milan (Italie), comptent livrer, respectivement en février et juin prochain. En fait la première est déjà en «filage», le scénario écrit conjointement par Omar Fatmouche et Hamida Aït El-Hadj, étant déjà prêt et les rôles principaux, distribués au profit de Mourad Khane, Lotfi (chanteur du groupe Double Kanon) et le chanteur Rédha Doumaz. Quant à la chronique de la pièce, elle se noue autour d'un combattant de la guerre de libération, tenu pour mort, qui réapparaît mystérieusement à l'indépendance, trouvant une situation de liberté recouvrée, certes mais ne cadrant pas avec ses idéaux et les valeurs pour lesquelles il a fait la guerre. De la déception à l'impuissance, faute de pouvoir redresser le fleuve de l'histoire, il se laisse emporté par l'agitation des courants. La trame qui emprunte par certains aspects à «la pièce-culte» de Benguettaf, mise en scène par Ziani Chérif Ayad, «Les martyrs reviennent cette semaine, n'est que plus attendue pour vérifier comment Omar Fatmouche compte s'y prendre pour valoriser toute la charge symbolique de l'œuvre de Mimmouni, loin des paraboles de Benguettaf. Une œuvre tout en nuance qui, à l'évidence, tranche avec la linéarité tranquille de l'itinéraire certes captivant, mais néanmoins commun de Fibonnacci. Dans cette pièce, écrite dans un atelier de rédaction sous l'égide de l'association universitaire Géhimab, spécialisée dans l'histoire des mathématiques, le souci est surtout d'ordre pédagogique, dès lors qu'il est entrevu, en premier chef, de faire découvrir ce personnage et son rôle dans la transmission du savoir, notamment l'arithmétique arabe depuis Béjaïa vers le monde occidental. Ces deux pièces représentent les grosses productions du TRB, qui, par ailleurs, inscrit à son agenda durant cet exercice, quatre autres réalisations dont Le Foehn et Nedjma de Kateb Yacine, La tempête de Shakespeare, adaptée en tamazight par D. Abdelli en perspective du théâtre professionnel prévu à Alger au printemps prochain, La vraie force, une pièce pour enfants, mise en scène par Tassadith Remila. Autant dire que l'année est prometteuse pour l'activité théâtrale, qui bénéficie désormais de l'apport de Hamida Aït El Hadj, metteur en scène, nommée depuis quelque temps à la tête de la direction de la Maison de la culture de Béjaïa.