Pline l'Ancien, dans le passage de son Histoire naturelle consacrée à l'Afrique du Nord, évoque, outre la hauteur, cette atmosphère de mystère qui règne dans la montagne. «Du milieu des sables, (la montagne) s'élève vers le ciel, à ce qu'on rapporte, abrupte et rocailleuse du côté qui regarde vers le littoral de l'océan auquel elle a donné son nom, mais en même temps ombreuse et boisée, arrosée par le jaillissement des sources du côté qui regarde l'Afrique. Là, à l'abri de ses couverts, toutes les espèces de fruits proviennent en telle abondance que les désirs sont toujours comblés. Aucun des habitants n'est visible pendant la journée ; le silence universel exprime un autre effroi que celui des solitudes : une crainte religieuse muette envahit l'âme lors de l'approche, à quoi s'ajoute l'effroi que donne ce sommet dressé au-dessus de¬s nuages et voisin de l'orbite lunaire. Mais la même montagne, de nuit, scintille de mille feux, s'emplit des ébats folâtres des Egypans et des Satyres et retentit du son des flûtes et du pipeau, du fracas des tambourins et des cymbales » (Livre V, 6-7).