Les montagnes, mais aussi les rochers et les grottes, ont joué un rôle dans la religion des anciens Berbères. Parlant de l'Atlas, Pline l'Ancien écrivait : «Du milieu des sables, (la montagne) s'élève vers le ciel, à ce qu'on rapporte, abrupte et rocailleuse du côté qui regarde vers le littoral de l'océan auquel elle a donné son nom, mais en même temps ombreuse et boisée, arrosée par le jaillissement des sources du côté qui regarde l'Afrique. Là, à l'abri de ses couverts, toutes les espèces de fruits proviennent en telle abondance que les désirs sont toujours comblés. Aucun des habitants n'est visible pendant la journée. Le silence universel exprime un autre effroi que celui des solitudes : une crainte religieuse muette envahit l'âme lors de l'approche, à quoi s'ajoute l'effroi que donne de ce sommet dressé au-dessus des nuages et voisin de l'orbite lunaire. Mais la même montagne, de nuit, scintille de mille feux, s'emplit des ébats folâtres des Egypans et des Satyres et retentit du son des flûtes et du pipau, du fracas des tambourins et des cymbales.» (Histoire naturelle, Livre V, 6-7). L'idée que la montagne est le repaire d'êtres fantastiques, s'est perpétuée à travers les siècles. A l'époque musulmane, l'anonyme du Kitâb al-Istibsar (XIIe s.) parle d'une montagne appelée Felfel, à la frontière algéro-marocaine, dont les habitants ont fui sous les attaques des génies.