Islamiste ? Psychopathe ? Invention des autorités ? Les rumeurs les plus folles circulent au Caire au sujet du «tueur de Maâdi» , mystérieux agresseur qui terrorise un quartier cossu du sud de la capitale égyptienne et fait tourner la police en bourrique. Depuis fin décembre, sept femmes ont été agressées, toutes dans le même district, par un homme brun d'une vingtaine d'années à la peau mate, d'après les descriptions fournies par certaines d'entre elles. Signe particulier de l'agresseur : armé d'un couteau, il ne frappe ses victimes qu'en des «endroits sensibles», indique pudiquement une source de sécurité. Et ne semblerait avoir aucune intention de les tuer. Il n'en fallait pas plus pour semer la terreur à Maâdi, faire la une des journaux et donner naissance aux hypothèses les plus variées. Bien qu'il n'ait tué personne, l'homme a aussitôt été surnommé le «saffah (tueur) de Maâdi». Son identité ? Pour certains, c'est sûr, c'est un islamiste. Et même un partisan des Frères musulmans. Son but ? Terroriser les femmes pour qu'elles cachent leurs formes, d'autant plus que deux des jeunes femmes agressées portaient des jeans au moment de l'attaque. Mais voilà que parmi les autres victimes figure une femme voilée. Au contraire, certains affirment désormais que l'homme est un extrémiste, pour qui même les femmes voilées sont «indécentes» et qui voudrait imposer le port du niqab. Balivernes, rétorquent d'autres, pour qui le «saffah de Maâdi» aurait des motivations sociopolitiques : frapper ce quartier très huppé où résident des ambassadeurs et de nombreux étrangers, pour narguer les autorités et «faire peur aux riches». Le hic, c'est que l'homme frappe dans une zone populaire du quartier, appelée Arab al-Maâdi. Dernière rumeur en date, les agressions ne seraient qu'une manœuvre politique, visant à obliger le responsable de la sécurité du Caire — «détesté», chuchote un résident de Maâdi — à démissionner.