Résumé de la 69e partie n Après le départ de Neeve, Jack Campbell a du mal à se remettre au travail, son esprit est préoccupé par autre chose... Mais les cheveux d'un noir d'ébène, le teint de lait, les immenses yeux bruns, la pluie de taches de rousseur sur l'arête du nez — tout ça n'avait pas changé. Jack se demanda si elle avait sérieusement quelqu'un dans sa vie. Sinon… A dix-huit heures, son assistante passa la tête par la porte. «J'ai terminé, annonça-t-elle. Puis-je me permettre de vous prévenir que vous allez perturber tout le monde si vous faites des heures supplémentaires ?» Jack repoussa le manuscrit qu'il n'avait pas lu et se leva. «Je m'en vais, dit-il. Juste une question, Ginny. Que savez-vous de Neeve Kearny ?» Il rumina la réponse tout en regagnant à pied l'appartement qu'il louait sur Central Park South. Neeve Kearny était propriétaire d'une boutique très en vogue. Ginny y achetait des vêtements pour les occasions exceptionnelles. Neeve était aimée et respectée. Elle avait déclenché une tempête, quelques mois auparavant, en laissant tomber un couturier qui faisait travailler des gosses dans des ateliers au noir. Neeve pouvait se montrer batailleuse. Il avait aussi demandé des informations sur Ethel Lambston. Ginny avait roulé les yeux. «Ne me mettez pas sur ce sujet.» Jack s'arrêta dans son appartement suffisamment longtemps pour être certain qu'il n'avait pas envie de se préparer à dîner. Il décida que les pâtes de Nicola's étaient exactement ce qu'il lui fallait. Nicola's se trouvait Quatre-vingt-quatrième Rue, entre Lexington et la Troisième. C'était un bon choix. Comme toujours, on faisait la queue pour obtenir une table, mais après qu'il eut pris un verre au bar, Lou, son serveur habituel, lui tapa sur l'épaule. «C'est prêt, monsieur Campbell.» Une demi-bouteille de Valpolicella, une salade d'endive et de cresson et des tagliatelles aux fruits de mer dissipèrent sa tension. Il commanda un double espresso et demanda en même temps l'addition. Au moment de quitter le restaurant, il haussa les épaules. Il savait depuis le début de la soirée qu'il allait marcher vers Madison Avenue et regarder la boutique de Neeve. Quelques minutes plus tard, alors qu'un vent plus frais lui rappelait qu'on était encore en avril et que le temps pouvait se montrer capricieux aux premiers jours du printemps, il admirait les élégantes devantures de «Chez Neeve». Il apprécia ce qu'il y vit. Les robes imprimées, si délicatement féminines, avec leurs ombrelles assorties, les poses assurées des mannequins, l'air presque arrogant avec lequel ils rejetaient la tête en arrière. Il fut convaincu que Neeve dévoilait sa personnalité avec ce mélange de force et de douceur. Mais contempler l'étalage des vitrines lui rappela la réflexion fugitive qui lui était sortie de l'esprit quand il essayait de rapporter à Neeve les propos précipités d'Ethel : «Il y a les potins, I'excitation, l'universalité de la mode, lui avait dit Ethel de sa voix rapide, entrecoupée. C'est le sujet de mon article. Mais supposons que je puisse vous en offrir beaucoup plus. Une bombe. Du T.N.T.» (à suivre...)