Résumé de la 6e partie n Pour ne pas être vendu à l'homme à la blouse bleue, le cheval se mit à boîter. Tiens, tiens, dit l'homme aux parents, vous ne m'aviez pas dit qu'il avait mal à la jambe. Les données sont, en effet, changées. D'abord l'ânon ne trouva rien à répliquer, tant il avait de chagrin de se voir ainsi renié par ses parents. Il alla frotter sa tête contre celle du cheval pour lui dire que si leurs parents l'oubliaient, il pouvait toujours compter sur son compagnon d'écurie. —Avec mes quatre pattes et mes grandes oreilles, je reste ta sœur Delphine, ils auront beau dire ! — Maman, demanda le cheval, est-ce que toi aussi, tu crois que nous ne sommes pas tes filles ? — Vous êtes deux bonnes bêtes, répondit la mère avec un peu d'embarras, mais je sais bien que vous ne pouvez être mes filles. — Vous ne leur ressemblez en rien, affirma le père. Et puis, en voilà assez là-dessus ! Allons-nous-en, femme. Les parents quittèrent l'écurie, mais pas si vite que l'ânon n'eût encore le temps de leur dire : — Puisque vous êtes si sûrs que nous ne sommes pas vos filles, je vous trouve bien légers de n'être pas plus inquiets. Voilà de drôles de parents qui voient disparaître un matin leurs deux filles et qui ne s'en soucient pas davantage ! Les avez-vous seulement cherchées dans le puits, dans la mare, dans les bois ? Les avez-vous réclamées aux camps volants ? Les parents ne répondirent pas, mais lorsqu'ils furent dans la cour, la mère dit en soupirant : — Quand même... si c'étaient les deux petites ! — Mais non ! gronda le père. Qu'est-ce que tu racontes ! Il faut pourtant qu'on en finisse avec ces bêtises. On n'a jamais vu une enfant, ni même une grande personne, se changer en bourrique ou en n'importe quel animal. Dans les premiers temps, nous avons été assez simples pour croire tout ce que ces bêtes nous racontaient, mais nous serions ridicules de les croire encore ! Les parents feignirent de n'avoir plus le moindre doute sur toute cette affaire, et peut-être étaient-ils sincères. En tout cas, ils ne s'informèrent nulle part si l'on avait vu Delphine et Marinette et ne parlèrent à personne de leur disparition. Quand on demandait des nouvelles des petites, ils répondaient qu'elles étaient chez leur tante Jeanne. Parfois, quand les parents se trouvaient dans l'écurie, l'âne et le cheval leur chantaient une petite chanson que le père avait apprise autrefois à ses deux enfants. — Est-ce que tu ne reconnais pas la chanson que tu nous as apprise ? disaient-ils. — Oui, répondait le père, je la reconnais, mais c'est une chanson qu'on peut apprendre partout. Après plusieurs mois d'un dur travail, l'âne et le cheval avaient fini par oublier ce qu'ils avaient été autrefois. S'ils s'en souvenaient, par aventure, c'était comme d'un conte auquel ils ne croyaient plus qu'à demi. D'ailleurs, leurs souvenirs ne concordaient pas. Ils prétendaient tous les deux avoir été Marinette, et un jour qu'ils s'étaient querellés à ce propos, ils décidèrent de n'en parler jamais plus. (à suivre...)