Confrontés à leur troisième échec présidentiel consécutif, les dirigeants socialistes français ont commencé, dès hier soir, à tirer les leçons de la nette défaite de Ségolène Royal, certains critiquant ouvertement la stratégie suivie par leur parti. Ouvrant le feu, l'ex-ministre des Finances, Dominique Strauss-Kahn, un social-démocrate largement battu par Ségolène Royal lors des primaires internes au parti, a estimé que la gauche avait perdu parce qu'elle ne s'était pas suffisamment rénovée. Il a porté un jugement «sévère» sur le fonctionnement du PS «depuis cinq ans» sous la houlette de François Hollande, également compagnon de Mme Royal: «Nous ne nous sommes pas renouvelés» et le parti «n'a pas su faire une gauche moderne». Appelant à «mettre en œuvre le renouveau», il s'est dit «disponible» pour le faire. «Il y a d'autres possibilités» que Mme Royal pour incarner la nécessaire rénovation du PS, a lancé M. Strauss-Kahn. De son côté, l'ex-Premier ministre, Laurent Fabius, l'autre perdant des primaires, rallié à l'aile gauche du PS, a estimé que «le drapeau de la gauche» était «à terre». Mais au contraire de M. Strauss-Kahn, il a prôné, pour «le relever, une gauche «décomplexée qui assume ses valeurs». Henri Emmanuelli, une autre figure de l'aile gauche du PS, a déjà appelé, pour sa part, à la création d'un «grand parti progressiste» réunissant «anti-libéraux» et «réformistes de gauche». Le numéro un du PS, François Hollande, a reconnu «des erreurs» dans la campagne. Il a estimé qu'une «nouvelle époque» s'ouvrait pour la gauche, celle-ci devant «s'élargir, se remettre en question».