Mutation n Avec le développement des nouvelles techniques de communication et la disponibilité de moyens modernes tels que l'Internet et la téléphonie mobile, les gens n'écrivent presque plus de lettres. La rapidité, l'efficacité et la certitude de l'arrivée du message sont autant de raisons qui incitent les gens à faire appel à ces nouveaux moyens de communication. «Pourquoi je me casserais la tête à rédiger une lettre et à l'envoyer par voie postale, alors que c'est plus rapide de le faire par Internet. Vous savez que nous sommes dans une époque de rapidité et les gens n'ont plus le droit de perdre du temps dans l'attente d'une lettre», affirme Mokrane, un quadragénaire, cadre dans une entreprise privée. Il se rappelle l'époque où il était un fervent amateur de la correspondance postale qu'il évoque avec nostalgie. «C'était la belle époque. Les lettres que je recevais étaient quelque chose de concret. Recevoir une lettre était comme si vous receviez son auteur. Mais croyez-moi, aujourd'hui, je suis incapable de rédiger une lettre à la main. La technologie a fait de moi un grand fainéant», ajoute-t-il. L'e-mail et le SMS semblent avoir séduit les Algériens qui ne font appel à la poste que lorsqu'il s'agit d'une correspondance administrative. «La Poste, c'est bien pour les retraités, mais pour nous, les cybercafés ne manquent pas. Il est devenu presque une honte de parler de lettre car on qualifie la personne qui tient à cette pratique d'arriérée et de dépassée par les évènements», intervient, Halim, 19 ans, étudiant en sciences économiques. La tchatche, la discussion via le net, a aussi pris le dessus ces dernières années. Dans les cybercafés, tous les adolescents sont branchés et écrivent des petits mots à leurs amis «virtuels», plusieurs messages durant la minute, et reçoivent la réponse presque au même moment. Des jeunes passent parfois deux heures ou plus sans s'en rendre compte. «je suis dépendant de la tchatche et je ne peux plus faire marche arrière. Lorsque je m'absente un jour, mes amis envahissent ma boîte e-mail de messages me demandant des explications. On dirait que nous sommes une grande famille réelle», témoigne Anis, 22 ans, rencontré dans un cybercafé à El-Biar. Le mensonge à Internet est, toutefois, devenu monnaie courante. En effet, les jeunes internautes se déguisent en déclarant à leurs «correspondants» qu'ils sont de nationalité étrangère afin de connaître les réelles intentions des uns et des autres à travers la discussion électronique. «Je sais qu'il y a des hommes qui déclarent être femmes et des Algériens qui se font passer pour des étrangers, mais cela ne change rien. Au contraire, ça crée une ambiance particulière. C'est justement le charme de la tchatche, car dans la plupart des cas, les gens finissent par dévoiler leur vraie identité», déclare une étudiante en interprétariat qui passe quotidiennement une moyenne de trois heures dans le cybercafé rien que pour la tchatche. Notre interlocutrice affirme avoir fait de la correspondance par courrier durant deux années, mais actuellement, elle n'arrive pas à rédiger une lettre car l'ensemble de ses correspondants préfèrent la contacter via le net.