Résumé de la 2e partie n Le souvenir de son père n'avait jamais cessé de la hanter. Elle lui parlait dans ses rêves. La nuit même, ils étaient dans les bras l'un de l'autre. R'hoda n'avait jamais connu d'homme et Vincent le comprit. Ils décidèrent de partir ensemble très loin. Ils savaient que leur amour allait provoquer une tempête et qu'ils seraient incompris. R'hoda savait qu'elle allait perdre son père et qu'il ne lui pardonnerait jamais de vivre et d'aimer un infidèle. Ils se levèrent avant l'aube et partirent simplement, sans même le plus petit bagage. Sur le chemin, ils rencontrèrent un ouvrier agricole qui se rendait à son travail. Il fit volte-face et retourna sur ses pas. R'hoda comprit qu'il était parti avertir son père et elle se mit à courir, imitée par Vincent. Son père les rejoignit au moment où le bus démarrait pour Mostaganem. Son turban s'était déroulé et il courait derrière l'autocar en hurlant des imprécations, le poing tendu. Elle ne devait plus jamais le revoir. Elle partit avec Vincent à Alger. Ils vécurent de longs mois ensemble, dans un coquet appartement que Vincent avait loué. Après une courte rupture, il avait renoué avec ses parents qui avaient fini par accepter la nouvelle situation, la mort dans l'âme. Un jour R'hoda apprit que son père était mort après une longue maladie. Il avait eu le cœur brisé et n'osait plus affronter le regard de ses amis. R'hoda eut le cœur comme arraché. Elle savait tout le mal qu'elle avait fait à son père, mais elle n'y pouvait rien. Elle tomba malade de longues semaines, plongea dans une sorte de cauchemar qui n'en finissait plus. Vincent n'allait plus à la faculté et ne quittait pas son chevet. Lorsqu'elle émergea de son coma, Vincent lui expliqua que les événements s'étaient précipités que les Algériens allaient devenir indépendants et qu''ils devaient partir en France. Elle était enceinte. Ils se marièrent civilement à Alger. La cérémonie fut triste. En France, bien des années plus tard, après la mort de ses parents, Vincent était un avocat célèbre. R'hoda avait eu trois garçons. Le couple continuait de s'aimer avec passion. R'hoda était devenue une femme du monde, belle et distinguée, mais elle avait gardé un pli amer au coin des lèvres. Le souvenir de son père n'avait jamais cessé de la hanter. Elle lui parlait souvent dans ses rêves, revoyait sa face convulsée. Elle lui demandait pardon. Elle aurait voulu qu'il soit vivant, qu'il voie son bonheur et sa réussite, qu'il aime ses enfants. Puis, un jour, son fils cadet lui apprit en la serrant dans ses bras que Vincent était mort dans un accident de la circulation. Ce fut horrible. Une partie d'elle-même s'en allait. Elle décida de retourner à Mostaganem, quarante ans plus tard. Elle avait besoin de retrouver ses souvenirs. R'hoda se leva de son banc de pierre. Elle avait le visage baigné de larmes. Elle se sentait vieillie et comme meurtrie, mais ses souvenirs l'avaient rassérénée. Une tristesse infinie l'habitait. Elle voulut croire que son père lui avait pardonné et que Vincent est toujours en elle. Elle monta se coucher.