Précision n «Contrairement à ce qu'ont avancé les généraux français sur la bataille de Staouéli, l'assimilant à une ‘'simple promenade'', il y a eu réellement une résistance populaire.» C'est ce qu'a déclaré, hier, Mme Fatima-Zohra Benbraham, avocate et présidente de l'instance internationale pour la décolonisation des relations algéro-françaises. D'après elle, la résistance de la population autochtone a été féroce contre la colonisation durant cette bataille qui a duré du 19 juin au 14 juillet 1830. A travers des documents d'époque, l'invitée du forum d'El-Moudjahid, organisé dans le cadre de la commémoration du 45e anniversaire de la proclamation de l'indépendance, a souligné que la bataille historique de staouéli n'a pas été «une sinécure pour le corps expéditionnaire qui a enregistré de lourdes pertes, contrairement à ce que veut faire croire la propagande française à l'opinion publique». D'après elle, le rapport du général Bourmont, selon lequel les pertes du corps expéditionnaire français étaient de 2 500 morts, ne correspond pas à la réalité des choses. «Le nombre réel serait de 6 000 morts», a-t-elle affirmé. L'avocate, qui est historienne et chercheur a également appuyé sa thèse avec les deux rapports officiels français de l'époque. «Le rapport des officiels de Toulon, d'où l'expédition a été préparée, faisait état de 36 450 hommes formant la totalité de ce corps expéditionnaire, alors que le rapport du général de Bourmont, adressé au roi, faisait état de 28 975 hommes encore en vie après la bataille.» Mme Benbraham a affirmé que les résistants sont venus de différentes régions du pays pour renforcer les troupes du commandant Mostefa Boumezrag, désigné par le dey pour remplacer l'agha Brahim qui a échoué dans son combat. «Plus de 20 000 autochtones venus de Kabylie, Constantine, Cherchell, Hadjout… ont pris part à cette bataille historique.» Par ailleurs, l'oratrice a relaté «le faux commis par le duc de Bourmont», rappelant les conditions dans lesquelles la reddition a eu lieu. Le général a signé à la place du Dey dans la villa connue aujourd'hui comme la villa du Traité. La preuve avancée par le chercheur est que le traité en question était rédigé en français alors que la langue utilisée par le dey était le turc. «C'est le général qui a apposé sa signature à la place de celle du dey», note-t-elle. Pour sa part, M. Boulbina, médecin et journaliste a appelé à la réhabilitation de l'histoire en commençant par la préservation de la maison du Traité comme un monument historique. L'intervenant déplore que les autorités n'aient pas donné suite à ses doléances et souhaite que ce patrimoine soit pris en charge pour réhabiliter notre histoire.