Résumé de la 2e partie n Eprise par la beauté d'un jeune milicien tué, Judith, dans sa folle logique, prie pour le faire «revenir»… Et pendant les neuf jours suivants, Judith, ponctuellement, s'exécute. A genoux sur le carrelage froid de sa chambre, les yeux fixés sur le crucifix, elle récite un «Notre-Père» et dit «je vous salue, Marie». Sans exaltation. Simplement. Parce qu'elle l'a décidé. Comme elle ferait des exercices au piano. Parfois elle ouvre Paris-Match pour jeter un coup d'œil sur l'exécution des miliciens. Sans émotion excessive : «C'était vraiment un joli garçon... Quel dommage ! Non, pas ‘'quel dommage''. Je prie pour lui, donc il faut que j'y croie. Il n'est pas mort. Il s'en est sorti.» Durant la journée, Judith oublie un peu sa neuvaine et celui qui doit en bénéficier. Elle a ses cours à Montpellier. Elle a même l'occasion de revoir CIément, de passage dans la région. Ils passent des heures exaltantes et secrètes... Judith n'éprouve pas le besoin de mentionner sa «neuvaine» de prières pour le lointain milicien hongrois. CIément, lui, croirait vraiment qu'elle est folle à lier. Il serait un peu jaloux, peut-être... La fin de la neuvaine arrive. Après ces neuf jours, elle arrête ses prières à genoux. Elle cesse complètement de prier. Ni pour elle, ni pour ses parents, ni pour ses amis. Ni même pour ce milicien hongrois. Elle a dit «une neuvaine», un point c'est tout... Quinze jours plus tard, un nouveau numéro de Paris-Match arrive. Papa Ferragoste est abonné. C'est lui qui a les honneurs de la revue. Après l'avoir feuilletée, il commente l'actualité avec Nadège, son épouse. Puis, quand Paris-Match a séjourné quelques jours sur la table du salon, Judith décide de découvrir à son tour l'actualité internationale de la semaine. La révolution de Budapest tourne court. Les chars russes écrasent l'insurrection. Le président Imre Nagy a beau faire appel à l'aide des Nations unies, c'est la fin... «Mille chars russes appuyés par l'aviation soviétique investissent de toutes parts la capitale hongroise. L'armée hongroise doit reconnaître son infériorité. La radio insurgée lance un dernier appel au secours : «Aidez la nation hongroise, ses travailleurs, ses paysans et ses intellectuels. A l'aide ! A l'aide ! A l'aide !» Les populations hongroises fuient en masse vers l'Autriche. Imre Nagy se rend aux Soviétiques sur la promesse d'un sauf-conduit. NuI ne sait ce qu'il est devenu.» Soudain, l'attention de Judith est attirée par une petite photographie insérée dans un bas de page... Et ce qu'elle lit lui fait dresser les cheveux sur la tête. «Il y a quelques semaines, nos reporters avaient pu saisir sur le vif le film de l'exécution d'un groupe de miliciens hongrois accusés d'avoir apporté leur soutien aux Russes dans l'oppression de leurs compatriotes.» Judith reconnaît la photographie. C'est celle où son milicien se recroqueville, l'œil empli de terreur. Celle où ses compagnons et lui vont recevoir l'impact de la salve du peloton d'exécution. Judith remarque que son beau milicien blond est entouré d'un cercle. Elle poursuit la lecture de l'article qui dit : «Miraculeusement, le milicien qui est signalé dans le cercle a survécu à l'exécution. Laissé pour mort sur le lieu de son supplice, il a été retrouvé vivant le lendemain et transporté à l'hôpital. On sait aujourd'hui que ses jours ne sont plus en danger. La mort n'a pas voulu de lui.» Judith repose le magazine. Serait-il possible que sa conviction ait modifié un destin ? Jamais elle ne le saura. Et, jamais elle ne connaîtra l'homme miraculé.