Intrigue n L'information qui circule en ce moment sur la non-retransmission de la grande affiche amicale entre l'Algérie et le Brésil par la télévision algérienne en inquiète plus d'un et repose de nouveau le problème de la souveraineté nationale. Déjà que le public algérien en est frustré puisque la rencontre se déroule en France, à Montpellier, contrairement aux deux premières fois où elle a eu pour théâtre le stade Zabana d'Oran (1965) et le mythique stade du 5-Juillet (1973). Ensuite, le sélectionneur national, le Français (encore) Jean-Michel Cavalli, a annoncé à ses habituels relais que la présence des joueurs nationaux, soit ceux issus du championnat local, sera réduite à deux ou trois éléments maximum ce qui conforte l'idée que ce Brésil - Algérie est celui des autres et qu'il ne nous concerne pas vraiment directement. C'est simple : avec une sélection composée exclusivement de joueurs émigrés, entraînée par un technicien étranger, jouant dans un pays étranger et retransmis exclusivement par une chaîne étrangère, que reste-t-il donc pour l'Algérie et sa souveraineté ? C'est le football moderne et ses aléas, diront les plus avertis et les plus conciliateurs. Le bon peuple, lui, se débrouillera, comme d'habitude, pour essayer de voir ce match et vibrer pour sa sélection comme l'exige la fibre nationale en de pareilles occasions. D'ailleurs, le fiasco télévisuel de la Coupe du monde-2006 en Allemagne est toujours vivace dans les esprits des Algériens qui ont, pour la première fois de l'histoire, été frustrés de ne pas avoir suivi toutes les rencontres de ce grand rendez-vous planétaire du football. Les droits de retransmission étant détenus par le puissant groupe ART, cela a empêché l'Entv d'accéder à la moindre image, sauf à partir des quarts de finale, et encore avec un différé qui enlevait à toute rencontre sa véritable saveur. Il a fallu l'intervention de l'Etat pour permettre aux petites bourses possédant des démodulateurs à carte d'acquérir ce fameux sésame pour suivre les péripéties des grandes stars du ballon rond, avec bien évidemment des commentaires venus d'ailleurs. Les plus chanceux, pour ne pas dire les plus nantis, ont pu le faire à travers les chaînes françaises en numérique grâce à des cartes encore plus onéreuses (entre 36 000 DA et 54 000 DA pour un bouquet complet Canal+). Il y a également les plus futés, ceux qui ont conservé leur démo analogique qui leur a permis, à travers deux chaînes (TF1 et M6) de suivre toute la Coupe du monde, alors que les commerçants qui pensaient que ce produit était voué à la casse se sont frotté les mains en le remettant sur le marché, même si son prix n'a pas dépassé les 1 500 DA. Atteinte à la souveraineté «médiatique» Cette situation vécue il n'y a pas très longtemps (CAN et Coupe du monde-2006) et qui a touché indirectement à la souveraineté «médiatique» d'un pays qui se dit libre et émergent parmi ceux qui veulent faire valoir leur puissance du son et de l'image. Sauf que dans la réalité, les choses ne se passent pas comme en rêvent les décideurs, car contrairement à ce qui a été déjà annoncé ces derniers jours, le match Algérie - Brésil du 22 août prochain ne sera pas retransmis par la télévision algérienne et ses trois chaînes (terrestre, Canal Algérie et la 3) sous prétexte que le groupe ART en détient les droits exclusifs. Ce qui veut dire que cette affiche qui nous intéresse à plus d'un titre ne concernerait que les branchés et les abonnés de la chaîne. Et pour nous consoler, on nous annonce que même les chaînes de télévision brésiliennes n'auront pas non plus le privilège de voir leur Seleçao à l'œuvre face aux Verts. Cela reste à prouver côté brésilien, mais l'inquiétude gagne déjà les téléspectateurs et les fans algériens de se voir encore privés d'un tel événement estival, même si le match contre la Gambie du 8 septembre prochain est plus important pour l'avenir de notre football.