Solidarité n Cinq millions de repas chauds, un million de couffins pour les nécessiteux, des milliers de tonnes de denrées de première nécessité… Ce programme a vraiment l'apparence d'«un plan d'urgence» pour tenter d'aider des millions d'Algériens pour lesquels le ramadan, qui intervient presque conjointement avec la rentrée scolaire, s'apparente à un épouvantail. La main tendue du département de la Solidarité coûtera au Trésor la bagatelle de plus de 200 milliards de centimes et cela risque même de ne pas suffire tant les poches de pauvreté en Algérie se multiplient chaque jour davantage à mesure que l'inflation reste dangereusement galopante. Comme première étape, 120 milliards ont déjà été distribués à travers quasiment la totalité des wilayas tandis que le reste, le sera incessamment, dès que «la carte des pauvres» sera officiellement élaborée. Ramadan cuvée 2007, est placé en effet, sous le signe de la flambée effrénée de pratiquement tous les prix des produits alimentaires. Le mois censé être celui de la «rahma», perd son goût et sa saveur avec «la hogra» des spéculateurs qui en font une recette. C'est d'ailleurs, cet infamant qualificatif de «hogra» qu'a choisi, hier, Djamel Ould Abbas pour le coller à ceux qui s'adonnent sans foi ni loi à l'augmentation anarchique des produits de première nécessité et qui sortent leurs griffes justement durant le ramadan. Les 450 restaurants et quelque 1 300 locaux de stockage des denrées alimentaires ouverts pour la circonstance pourront bien être pris d'assaut par des familles entières qui ne peuvent faire face à la tension incompressible de la cherté de la vie. Seulement, ce qu'il est à craindre, en revanche, dans cette histoire de «charité» est le fait que la grosse et impressionnante manne financière, ainsi que les «montagnes» de produits de première nécessité risquent d'attiser la convoitise malsaine de faux bénéficiaires, mais aussi de «la mafia des frontières», souvent montrée du doigt pour avoir procédé durant les précédents ramadans à de juteux trocs, le long des frontières marocaines, tunisiennes et même libyennes. A titre d'illustration, l'on se souvient que durant le ramadan passé, les éléments de la Gendarmerie nationale ainsi que ceux de la douane ont, à plusieurs reprises, procédé à l'arrestation de contrebandiers qui tentaient de faire sortir du concentré de tomates, de l'huile, du sucre, des fruits et légumes et beaucoup d'autres produits qui, après enquête, se sont avérés provenir justement des couffins du département de la solidarité qui n'ont jamais atterri à la bonne adresse.