Ouverture n La possibilité accordée désormais au privé d'ouvrir des établissements ne signifie pas un quelconque désengagement de l'Etat. Deux hôpitaux privés cubains seront installés prochainement en Algérie. «C'est une question de mois seulement», fera savoir Abderrachid Boukerzaza, ministre de la Communication, hier lors d'un point de presse au Centre international de presse (CIP), le premier d'une série accompagnant désormais chaque Conseil de gouvernement. Grande première en Algérie, l'arrivée du privé, qu'il soit national ou étranger, n'est toutefois pas, précise le porte-parole du gouvernement, synonyme de privatisation des établissements sanitaires relevant du secteur public : «Il faut dire qu'il n'y aura aucun hôpital qui sera privatisé. Ce n'est pas à l'ordre du jour.» Le ministre ne mentionnera cependant pas le nombre des potentiels acquéreurs étrangers ni même nationaux qui espèrent investir dans le grand chantier ouverts de ce genre d'hôpitaux et ne se prononcera guère aussi sur les contours de ce que sera demain la relation hôpital-malades, dans cette nouvelle carte sanitaire dans laquelle les hôpitaux privés auront droit de cité. Ira-t-on vers un désengagement graduel de l'Etat dans le domaine crucial qu'est la santé publique ? Boukerzaza n'est pas du tout de cet avis : «L'Etat ne se désengagera jamais de la Santé publique.» Illustration de cette présence continue de l'Etat : l'orateur citera la création toute prochaine d'une autorité de régulation du marché des médicaments dont le but est de contrecarrer «les graves dérives constatées depuis l'ouverture du pays sur l'économie du marché». Dans ce registre précis, M. Boukerzaza affirmera qu'en examinant l'avant-projet de loi modifiant et complétant la loi n°85-05 relative à la protection et à la promotion de la santé, le gouvernement a décidé de mettre sur pied une agence nationale des produits pharmaceutiques. Celle-ci répond, le cas échéant, au triptyque «disponibilité, qualité, accès facile». Grâce à cette agence, les pouvoirs publics «devront empêcher toute pénurie et toute formes de dérives pouvant porter atteinte au marché du médicament et par-delà au système de santé nationale.» Les prérogatives de ladite autorité de régulation toucheront, entre autres, l'approvisionnement des établissements sanitaires, la pharmacovigilance, le contrôle de la qualité, l'enregistrement et l'homologation des médicaments, la distinction entre le princeps et le générique, la sécurisation de l'utilisation du sang, le prix unitaire, la traçabilité du médicament importé, cette agence pourra même aller jusqu'à prendre des mesures dissuasives à l'encontre des contrevenants, comme des peines d'emprisonnement ou de lourdes amendes. «Le tout aussi pour consacrer la transparence et casser le monopole imposé depuis des années dans ce secteur» reconnaît clairement le ministre.