Dans la ville considérée comme la plus dangereuse du monde, ils sont les premiers à accourir lorsque le malheur frappe. Mais entre leur numéro d'urgence, le 122, trop souvent défaillant, les ennuis mécaniques et les kamikazes qui les prennent pour cibles, les ambulanciers de Bagdad redoutent de ne plus arriver à temps. Avant même d'actionner leurs sirènes et de se lancer au secours des victimes d'une voiture piégée ou d'une jeune femme prête à accoucher, ils auront dû surmonter des obstacles très prosaïques. «Le numéro d'urgence n'a que 10 lignes fixes pour quelque six millions d'habitants», explique le Dr Hachem Jabbar. «Le téléphone est en panne une semaine sur deux à cause du manque d'électricité dans le central dont nous dépendons», ajoute-t-il. Lorsque le 122 ne répond pas, le public peut appeler des numéros de téléphone mobile affectés à la centaine de centres d'urgence répartis dans Bagdad, qui disposent chacun de deux ou trois véhicules. «Souvent, les gens préfèrent s'y rendre à pied pour avertir les ambulanciers», reconnaît le Dr Jabbar. Sur l'ensemble des centres d'urgence, six seulement sont équipés, avec des salles de repos, des chambres, des sanitaires et un bureau, selon le Dr Hachem Jabbar. «Les autres n'ont que des murs et des toits.»