Danger n Faire la une des journaux, monopoliser l'attention des gens et les tenir en haleine au sujet d'un drame peuvent avoir des conséquences insoupçonnées. Dans le domaine de la médiatisation des enlèvements, il faut savoir que mener une campagne sur un cas précis ne présente pas que des avantages. Si afficher la photo de la victime et lancer un appel à témoin restent des opérations très importantes pour mobiliser la société civile, mais partir à la recherche des indices et témoignages et se substituer aux enquêteurs peut induire en erreur et pis encore donner de faux espoirs aux parents déjà fragilisés par le drame. Il n'y a pas de place pour la spéculation et autres commentaires approximatifs quand il s'agit d'un acte aussi répugnant que l'enlèvement d'un enfant. Car chaque fausse information peut mobiliser des équipes entières d'enquêteurs et ainsi, les faire passer à côté de la vérité. Le temps est un facteur primordial quand il s'agit de ce genre d'affaire. Revenant sur la surmédiatisation de certaines affaires d'enlèvement et les rumeurs qui circulent autour, Mme Messaoudène, commissaire principale, chef de bureau de la protection de l'enfance et de la délinquance juvénile, affirme : «Des fois, la surmédiatisation joue contre les intérêts de la victime.» Par exemple, la tragique affaire de l'enfant Yacine. Suite à la large campagne de médiatisation, les services de police et la famille du regretté ont été submergés d'appels téléphoniques. «Des gens de bonne ou de mauvaise foi n'ont pas cessé de téléphoner aux services de police et à la famille de l'enfant. Plusieurs pistes ont donc été suivies par les enquêteurs qui se sont déplacés à travers plusieurs wilayas pour revenir bredouilles. Tout ceci engendre une perte de temps et disperse les forces», ajoute le commissaire. Des énergumènes sans aucun scrupule ont même eu l'audace de faire des blagues de très mauvais goût aux parents. Et cela sans compter des appels affirmant avoir vu le petit chez le voisin avec qui l'on a des comptes à régler. «Mais le plus grave, c'est qu'une telle médiatisation, dans le cas où l'enlèvement serait avéré peut pousser le ravisseur dans ses derniers retranchements. Se sentant au pied du mur, il va automatiquement chercher à se débarrasser de la victime.» Autre catastrophe qui peut être engendrée par la surmédiatisation «les faits rapportés avec force détails peuvent inspirer toutes sortes de détraqués et pervers qui vont reproduire ce qu'ils ont lu ou entendu».