Sollicitation n A 600 m de la sortie de Tamezguida, une femme nous interpelle de derrière les plantes vertes et nous conjure d'aller la voir : «SVP, venez me voir... Venez ya khawti.» Khalti Ziane Ammar Oum El-Kheïr 69 ans, retire alors rapidement son foulard et lâche ses longs cheveux tressés, vêtue d'une belle robe d'intérieur propre qu'elle a certainement portée pour la circonstance, elle n'arrive pas à cacher sa joie : «Ils sont venus chez moi, ils sont venus chez moi», criait-elle en pleurant et en appelant ses belles-filles, les enfants et tout le monde. Khalti Oum El-Kheïr s'absente 5 secondes pour réapparaître avec deux attestations encadrées qui attestent que ses parents Yahia Ziane Ammar et Ouali Fatma-Zohra sont morts en chahids. «Je n'ai jamais pu obtenir des papiers attestant que je suis fille de chahids et tout cela à cause de la bureaucratie. C'est parce que je suis faible et pauvre. Pourquoi me fait-on cela ? je ne perçois aucune pension de fille de chahid», nous dira-t-elle en pleurs. Khalti Oum El-Kheïr Ziane a 8 filles et 4 garçons tous sont mariés et habitent avec elle. Elle est divorcée. Elle ne veut pas cacher sa misère et ses souffrances apparentes. Elle commence à nous faire visiter sa maison en toub où 16 personnes vivent avec elle. «J'ai bénéficié d'un logement rural trop étroit, enclavé et isolé et le comble c'est que c'est un deux-pièces non achevé. Je suis pauvre et je ne peux me permettre de terminer la construction.» Dans la chambre de l'aîné, le second enfant de ce dernier, un nourrisson, dormait dans son berceau fabriqué par l'heureux papa et accroché... au «plafond» en bois. Une image qui restera gravée puisque nous n'avions vu cela que dans les films relatant la guerre d'Algérie. Dans la chambre, un grand lit fait main, quatre étagères passées à la chaux, un petit coin plein de sacs de farine, de semoule et d'autres provisions. Cette pièce donne directement sur une autre pièce où trois grands tonneaux rouillés constituent le décor. Des enfants sont adossés à un mur en partie effondré à cause des glissements de terrain. L'une des belles-filles de Khalti Oum El-Kheïr intervient pour soulever le problème de sa fille qui étudie au CEM de Beni-Haoua. «je vais à l'école, chaque matin à 5h 00 car j'ai peur d'arriver en retard et d'être renvoyée», nous dira la fillette d'une voix timide.