Un grand four traditionnel en argile en forme d'œuf géant, occupe le centre de la cour de la maison de Ammi Mohammed Guellil, une petite maison en terre glaise (toub) et en pierres, ceinte de roseaux et de tôles. La maîtresse des lieux nous fait entrer. On traverse une cuisine et une autre pièce où d'autres femmes et fillettes nous observent discrètement. Nous arrivons dans une petite chambre qui paraît fraîchement construite où Ammi Mohamed 47 ans, est allongé immobile. Il souffre d'une paralysie partielle depuis près de 9 mois, à la suite d'un pic de tension. Il a 15 personnes à sa charge dont 13 enfants. Son fils aîné âgé de 20 ans à peine, a pris la relève et travaille occasionnellement. «Il bricole pour nous nourrir», nous dira la mère. «Mon fils travaille pour acheter mes médicaments. Il a pris ma place. Je souhaite recouvrer ma santé. Je ne demande rien à l'Etat», interviendra Ammi Mohamed d'une voix basse chargée de souffrances. Sa femme lance un appel aux âmes charitables pour lui venir en aide. Son fils aîné nous dit : «Je travaille jour et nuit pour gagner 7 000 ou 8 000 DA dont la majeure partie est dépensée pour l'achat de médicaments.»