Si les historiens doutent de la légende des religieuses des Beni Haoua, les Bani Haoua, eux, n'hésitent pas à dire que les femmes qui ont échoué sur leur rivage, sont bien des religieuses catholiques. En 1902, soit un siècle après le naufrage, R. Randeau, rédigeant son ouvrage sur Isabelle Eberhardt, interrogeant les habitants de la région de Ténès, apprenait qu'un bateau, transportant des religieuses, avait échoué dans la baie de Souhalia. Il y aurait quatre et même sept religieuses qui ont été recueillies par la population, puis mariées avec des habitants de la région, ce qui montre qu'elles ont renoncé à leur statut de religieuses. La supérieure de ces religieuses est appelée par tradition Mama Binette ou Yemma Binette qui, comme on l'a démontré, n'est que l'expression Yemma banat ou, Yemmat ibnat «la mère des filles». Selon certains récits, Yemma Banet est restée chrétienne, ainsi d'ailleurs que les autres religieuses, selon d'autres, elle se serait convertie à l'Islam, ce qui explique qu'on l'ait élevée au rang de sainte et qu'on ait édifié une kouba sur sa tombe, transformant celle-ci en lieu de pèlerinage.