Visite n Une virée dans les «foires» à bestiaux en basse-Kabylie nous a éclairés sur l'ampleur de la saignée qui attend une certaine catégorie de citoyens à la veille de l'Aïd el-Adha. Sidi Aïch, cette belle ville de Petite Kabylie, scindée en deux par le fameux oued Soummam, un nom qui reste à jamais gravé dans les annales de l'histoire de la Révolution algérienne, connaît, à quelques jours de l'Aïd el-Adha, une frénésie particulière. Des jeunes, des moins jeunes et même des vieux, tout le monde est concerné par le rituel du choix et de l'achat du mouton à sacrifier. Vendredi 7 décembre. 10h 30. Le marché grouille déjà de monde. Des camions immatriculés dans différentes wilayas, transportant les ovins sont garés en file, rendant ainsi le passage très étroit. Quelques citoyens commencent déjà à quitter les lieux accompagnés de moutons. Des images qui rappellent à coup sûr aux habitants de la ville de la Soummam, les forts moments précédant la fête du sacrifice, mais aussi la grosse dépense qui attend les pères de familles. Cependant les prix affichés par les vendeurs ont fait que l'ambiance dans ce lieu commercial est devenue morose. En effet, le seuil minimal exigé pour un mouton pesant environ 20 kg est de l'ordre de 17 000 DA. «C'est vraiment cher cette année. J'attends encore un peu, dans l'espoir de voir les prix chuter», nous dit Mohand-Amokrane, un sexagénaire d'Ifri. «C'est pratiquement tout un salaire qu'il faut mettre», ajoute-t-il devant Maâmar, ce spécialiste dans l'élevage des ovins (moutons), des caprins (chèvres) et des bovins (bœufs), originaire de M'sila. Cet habitué de ces foires a tenu à préciser, arguments à l'appui, que les prix affichés sont relativement en rapport avec le prix des aliments du bétail. «La nourriture du cheptel est coûteuse», a-t-il justifié. «Les aliments de base sont chers, ça nous dépasse, et il faut que les gens nous comprennent. Croyez-moi, on pratique des prix relatifs et on n'aura droit qu'à une petite marge de bénéfice.» Et d'ajouter à titre indicatif que le prix de l'orge est estimé à 2 200 DA le quintal, tandis que le fourrage est cédé à 600DA le quintal. Toutefois, les habitants de la vallée de la Soummam, ne l'entendent pas de cette oreille et estiment que la raison de cette hausse des prix est due notamment à la pluviométrie (qui est une arme à double tranchant), et au «désintérêt» de la population kabyle pour l'élevage ovin et bovin. Un facteur qui s'ajoute en effet à ceux évoqués par les spécialistes en la matière pour justifier ces prix qui ne font, en tout état de cause, que saigner les petites et moyennes bourses. Cependant la vallée entourée par les chaînes montagneuses des Babors et celle d'Akfadou enregistre, tout de même, un certain engouement à accomplir ce devoir religieux, malgré son coût parfois excessif.