Satisfaction n Les familles de disparus sahraouis se sont félicitées après l'ouverture d'une enquête par un juge espagnol qui a autorisé une commission rogatoire auprès de la justice marocaine afin de notifier les plaintes pour «génocide et torture». Le juge espagnol Baltasar Garzon a formellement entamé, hier, lundi, l'instruction d'une enquête pour un «génocide» présumé commis par les autorités marocaines au Sahara occidental entre 1976 et 1987, selon une source judiciaire. Le juge madrilène, qui s'était déclaré compétent le 30 octobre dernier pour instruire ce dossier, a entendu des représentants des associations de défense des droits de l'Homme et des familles de victimes qui avaient déposé une plainte contre 13 militaires marocains en 2006. Cette plainte pour «génocide et tortures» dénonce la disparition de plus de 500 Sahraouis depuis 1975, année durant laquelle le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est passé sous souveraineté marocaine. Le Front Polisario exige un référendum d'autodétermination laissant aux Sahraouis le choix entre l'indépendance, l'autonomie ou le rattachement au Maroc. Le juge Garzon avait accepté d'instruire cette plainte au nom du principe de juridiction universelle que reconnaît la justice espagnole pour les crimes contre l'humanité et de génocide. Il avait estimé qu'il existait des présomptions suffisantes d'une «action complexe et systématiquement organisée contre des personnes sahraouies» par des responsables militaires marocains.Le magistrat va concrètement enquêter sur la responsabilité présumée de 13 suspects sur un total de 32, dont certains sont décédés, notamment Driss Basri, mort en août dernier à Paris après avoir été pendant 20 ans le ministre de l'Intérieur de feu le roi du Maroc Hassan II. La majorité des personnes visées est accusée de détentions illégales, d'enlèvements, de tortures et de disparitions. Il s'agit de gradés des forces de sécurité, entre armée et police marocaines, notamment le chef de la gendarmerie royale Hosni Benslimane. Le général Benslimane est déjà visé par l'un des cinq mandats internationaux émis le 22 octobre dernier, par un juge français qui instruit le dossier de la disparition à Paris en 1965 de l'opposant marocain Mehdi Ben Barka. Plusieurs membres des familles de disparus et des associations sahraouies de défense des droits de l'homme et des ONG espagnoles de soutien au peuple sahraoui se sont félicités de la décision du juge Baltasar Garzon. Le président de l'Association des familles des prisonniers sahraouis disparus a qualifié, lui, cette journée «d'historique», en ce sens, a-t-il expliqué, que l'enquête «va progresser pour que les coupables de génocide et tortures et des graves violations des droits de l'homme commises dans les territoires sahraouis occupés soient traduits devant la justice.