Privations n Le mouton, les gâteaux, la sadaka. Rien de tout cela cette année à l'occasion de l'aïd el-Kebir pour les habitants des douars el-karmoud et Bouaichène à 2 km du chef-lieu de la commune de sidi ghilès, ex-Novi. Les occupants des maisons en terre glaise et les habitants des bidonvilles qui se trouvent au bord de l'oued el-kermoud occupent, depuis le 28 novembre passé, l'ancienne école de Novi, où se trouvent des classes d'alphabétisation, de couture, de broderie et de coiffure, chapeautées par des associations. Ce sont une vingtaine de familles, victimes des inondations qui ont emporté une partie de leurs maisons ou leurs meubles, lors des intempéries durant la dernière semaine de novembre. Ces familles ont vécu le même drame, en 2001, quand l'oued avait tout emporté sur son passage. «il nous a refait le même coup, le 28 novembre», se rappelle el-hadja fatma l'une des sinistrés. Le 28 novembre 2007, à 22h, l'oued a donc débordé. Plusieurs personnes ont échappé à la mort. «En moins d'une heure, il a emporté nos meubles et autres objets. Heureusement que les secours de la protection civile sont arrivés à temps. Les jeunes, les hommes, les femmes n'ont rien pu faire pour éviter la catastrophe», nous dit el-hadja Oum el-kheir dont la maison est encore envahie par la boue. vingt et un jours après la catastrophe, plusieurs familles sont toujours livrées à elles-mêmes en attendant d'être casées quelque part pour surmonter le froid et la fatigue morale. Nous avons rendu visite à ces familles dans cette ancienne école ; sans électricité, sans eau et sans chauffage. Chaque classe regroupe plusieurs familles. Celles-ci sont séparées par des draps, des sacs de farine ou des couvertures. dans un froid glacial, ces familles sont laissées, aujourd'hui, sans couvertures et sans chauffage comme si elles n'étaient pas des citoyens ! et pourtant, elles nous ont assurés qu'elles sont allées voter en masse. «nous avons fait notre wadjib el watani le 29 novembre», nous dira un membre de ces familles, alors que la veille (le 28 novembre) elles ont été évacuées de cette école ! Elles ne demandent qu'une chose : dormir dans des lieux chauds, le temps d'avoir leur logement qui leur ont été promis depuis 2001… l'urgence est là… elles sont là depuis le 28 novembre et à l'heure où nous mettons sous presse, personne n'est encore venu les voir. Selon eux, seule la commission de la mosquée de Sidi Ghilès qui leur a apporté quelques aliments le 1er jour et quelques vieux tapis. «Nous avons acheté l'eau à 600 DA», nous disent les femmes. Ces familles se trouvent encore dans l'incapacité de se prendre en charge. Venant des douars el-karmoud et Bouaichène, ces familles n'ont malheureusement pas goûté à la saveur de l'Aïd el-Kebir. Ce sont les victimes des intempéries. mais leur situation sociale était déjà précaire depuis des années. Les plus optimistes d'entre eux espèrent que le nouveau P/APC, récemment élu, leur accordera une chance d'avoir des logements sociaux et se disent prêts à recevoir la commission de daïra qui devrait passer enquêter sur place.