Résumé de la 1re partie n Foudhala se rend chez le cadi pour que ce dernier tranche l'affaire du terrain donné par son frère et celle du bébé des nomades qu'il a écrasé par inadvertance. Foudhala était désespéré de voir ainsi le mauvais sort s'acharner contre lui. La petite troupe formée par les nomades et lui-même avançait sous la pluie quand, à un moment, la piste passa sur une falaise qui surplombait de plusieurs mètres une excavation creusée par un oued. Foudhala, dans un accès de découragement, voulut en finir avec la vie et il se jeta du haut du rocher. Or, ce jour-là, un homme était allé se baigner avec ses deux fils dans l'oued. Et il avait failli s'asphyxier en plongeant dans l'eau. Ses fils l'avaient ramené sur la berge, au pied de la falaise, l'avaient ranimé, massé, puis l'avaient laissé étendu afin qu'il reprenne tout à fait ses sens. Foudhala, en se jetant dans le vide, tomba sur l'homme et le tua. Les jeunes gens furieux se jetèrent sur lui qui avait survécu puisque son choc avait été amorti. Hébété, il entendait sans réagir le déversement d'injures dont il était l'objet, se demandant s'il était encore vivant ou si était commencé pour lui l'interrogatoire après la mort des anges Monkir et Nakir. Devant ses yeux vides et son silence, les fils conclurent : «Seule la justice nous départagera. Allons chez le cadi !...» La troupe des plaignants ainsi accrue de deux unités continua à marcher le long d'une piste détrempée par la pluie. Ils rencontrèrent un homme, suant et soufflant pour arriver à dégager son âne qui s'était embourbé. Le maître de l'âne appela à l'aide ces passants. Chacun d'eux s'affaira. Mais leurs efforts étaient mal conjugués. Et Foudhala qui tirait l'âne par la queue alors que les autres le tiraient en sens inverse fut bien marri quand il se retrouva projeté en arrière, les quatre fers en l'air et la queue de l'âne dans les mains. Fou de colère, le maître de l'âne leva son bâton sur notre maladroit et dit : «Mon âne a perdu toute valeur. Cela ne peut se régler que devant l'autorité ! Allons chez le cadi !.» Et il se joignit au cortège des plaignants. La série noire était complète. On s'approchait de la mahakma devant laquelle stationnait la calèche d'où avait déjà débarqué le frère riche. Le cadi était assez étonné de voir entrer une foule aussi nombreuse et insolite lorsqu'il reconnut dans l'accusé son obligeant jardinier. Sans mot dire, il donna successivement la parole à chacun des accusateurs. (à suivre...)