L'Exécutif veut sauver et préserver le pouvoir d'achat du citoyen, mais ne sait quel procédé suivre. Faut-il laisser les prix libres et accorder une «prime» aux couches défavorisées ou alors soutenir carrément les prix ? La spirale des augmentations tous azimuts et ses effets dévastateurs induits donnent le tournis au gouvernement Belkhadem. Celui-ci veut agir, mais n'a toujours pas décidé par quel moyen le faire. Faut-il laisser les prix libres au seul arbitrage du marché et accorder en même temps des «primes» aux couches défavorisées où alors soutenir carrément les prix des produits alimentaires dits «sensibles», quitte à saigner davantage le Trésor public ? Abderachid Boukerzaza, porte-parole du gouvernement, affirmait, mardi lors de son traditionnel point de presse hebdomadaire, que les deux options posent problème. A propos du soutien des prix, l'Exécutif redoute que cette option, une fois mise en branle, ouvre la voie à la «contagion». Redoutant fort une telle menace, Boukerzaza dira dans ce sens que si le gouvernement opte pour cette mesure, il faudra faire face à une longue liste de «demandeurs de subventions» qui exhiberont, sans doute comme prétexte et argument, la flambée des prix des matières premières sur les marchés mondiaux. Le gouvernement craint, en effet, que bon nombre de producteurs, non concernés outre mesure par la politique des subventions, accordent leurs violons à l'effet d'augmenter les prix à leur convenance et faire, ainsi, pression sur lui pour que ce dernier leur accorde les mêmes «largesses» offertes récemment aux producteurs de lait et de semoule notamment. L'option de laisser les prix libres et accorder des primes aux couches défavorisées, n'est, elle, en revanche, pas à l'abri de tout dérapage. Suivre une telle politique, risque fort de mettre l'Etat régulateur dans une position de non-confort. Non seulement, il aura à combattre davantage la spéculation, mais il devra s'assurer aussi que des parasites ne viennent se greffer à une liste déjà longue des couches défavorisées et bien plus préoccupant encore, cette deuxième option, si elle vient à être appliquée, s'abattra, telle une épée de Damoclès, sur les chômeurs et les retraités. «Il faut penser aux non-salariés», reconnaît M. Boukerzaza. Quelle réplique essayer dès lors si les deux options suscités font, aux yeux du gouvernement, plus de dégâts qu'ils n'apportent de solutions ? Et par quel miracle peut-on desserrer l'étau d'une inflation imposée avec ses graves répercussions si en même temps, l'on s'obstine, du côté du gouvernement, à ne pas alléger le fardeau de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA), car faisant partie intégrante de l'équilibre macroéconomique global ? Et si le gouvernement est apparemment dérouté et ne fait, à l'heure actuelle, que constater «l'évolution des prix et du marché», les réactions ne se font plus attendre. Premier à le faire, l'UGTA de Sidi Saïd appréhende le fait que «le travailleur ne pourrait pas ressentir l'effet de la revalorisation des salaires, s'il demeurait à la merci de spéculateurs» et dit avoir élaboré «une série de propositions portant sur l'amélioration du pouvoir d'achat qu'elle soumettra dans les prochains jours au gouvernement pour examen».