Surpeuplée, la prison d?El-Harrach fait franchement peur. On a peur de la tuberculose, du sida et d?autres maladies incurables ; on a aussi peur des mutineries et des débordements imprévus et, enfin, on a peur de voir que toutes ces «belles choses», ces murs repeints, ces hangars transformés en salle de musculation et d?animation artistique, n?aboutissent pas au résultat escompté. Le surpeuplement est dû au fort taux de détention préventive. D?une capacité normale de 2 100 places, le pénitencier fait actuellement face aux affres de la surpopulation carcérale. Ils sont actuellement plus de 3 000 à y croupir, le plus souvent dans des situations précaires que la bonne volonté d?une administration, totalement débordée, ne peut, à elle seule, endiguer. Les prisonniers dorment sur des lits superposés dans des bâtiments vétustes construits du temps du colonialisme (Lire «Carte de visite») et n'ont pas été remis à neuf depuis. En automne et en hiver, il fait très froid dans les grandes salles. L'administration a placé du papier cellophane pour remplacer les vitres cassées. Pour les médecins du pénitencier, la surpopulation carcérale fait courir beaucoup de risques en matière d?épidémies, la tuberculose en premier lieu. Le matériel flambant neuf réceptionné depuis peu et l?important stock de médicaments dont dispose la pharmacie du centre, peuvent, fort heureusement, atténuer cette terrible hantise. Sur ce chapitre, le directeur et ses «lieutenants» reconnaissent qu?«en dépit des améliorations apportées en matière de suivi médical, beaucoup reste à faire». «Nous n'avions pas de douches dans notre camp. Les détenus avaient des plaies et des abcès sur le corps, car ils n'avaient pas la possibilité de se laver convenablement», se souvient un détenu, un récidiviste qui loue tout de même les mérites de l?actuel directeur du pénitencier qui a apporté une touche positive depuis son arrivée.