Divergences n Au moment où les professionnels de l'industrie pharmaceutique vantent le modèle tunisien quant à la protection de la production locale, les pouvoirs publics évoquent l'exemple de la Jordanie qui s'articule autour d'une grande entreprise publique. Les pouvoirs publics et les producteurs privés de médicaments tiennent deux langages à propos de l'industrie pharmaceutique. Quand les producteurs vantent le système de protection de la Tunisie, les autorités évoquent le cas de la Jordanie. «L'exemple d'un pays voisin en développement comme la Tunisie qui (…) maintient d'importantes restrictions au bénéfice de ses producteurs nationaux et encadre très fermement les importations de médicaments sur son territoire, constitue très certainement une expérience dont il est possible de s'inspirer», écrit l'Unop dans un rapport sur l'état des lieux du secteur. L'expérience tunisienne, indique-t-on, est surtout intéressante en considération des solutions mises en œuvre sans remettre en cause son statut de membre de l'OMC et de partenaire associé à l'UE. Le système tunisien s'articule en fait sur la pharmacie centrale. Elle détient le monopole sur toutes les importations de médicaments et alimente directement les hôpitaux. L'importation d'un remède est suspendue chaque fois qu'un producteur national est en mesure d'assurer le relais. «Certes, il sera très difficile, compte tenu des retards pris par l'Algérie, de pouvoir espérer obtenir une efficacité aussi remarquable dans la gestion de son ouverture commerciale extérieure. Néanmoins, il s'agit bel et bien d'un exemple qui peut servir de base pour comprendre la nécessité qu'il y a pour notre pays, de défendre son marché et ses entreprises, dans le cadre de la négociation actuelle pour l'accession et à ne pas considérer que cette dernière est une simple étape pour la mise en conformité réglementaire». Sauf que les pouvoirs publics ont rejeté cette option tout en proposant un autre modèle : celui de la Jordanie. Intervenu lors du colloque organisé par l'Unop, fin octobre 2007, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, a fait comprendre que l'Etat s'était désengagé de tout le secteur lié à l'industrie pharmaceutique, y compris la production nationale. «Il n'y a plus de protection ou de mesures possibles d'encouragement de la part de l'Etat pour la production nationale» devant les engagements internationaux qui attendent l'Algérie, annonce-t-il. En revanche, M. Temmar propose aux opérateurs de se regrouper, de fusionner. «Je vous conseille d'aller vers la fusion et la mise à niveau des entreprises (…)», a-t-il dit. L'Etat, selon le ministre, veut faire du groupe Saïdal un géant de l'industrie pharmaceutique pour s'imposer sur le marché mondial et encourager l'émergence de petites entreprises pour le servir. «Ce qui permettra au marché national de l'industrie pharmaceutique de devenir compétitif au niveau international», affirme M. Temmar. La réaction ne s'est pas fait attendre. «L'Algérie ne peut pas passer d'une situation catastrophique à une mégafusion. Il est illusoire de croire pouvoir y arriver pour le moment», déplore le directeur général de Biopharm et vice-président de l'Unop, Abdelmadjid Kerrar. Cette fusion, indique-t-il, doit se faire graduellement.