Risque n L'industrie pharmaceutique nationale risque de disparaître après le démantèlement des mesures de protection mises en place depuis 1991. Un constat : «Après quarante années d'indépendance, force est de constater que l'Algérie reste largement dépendante dans un secteur aussi stratégique et sensible que celui du médicament.» C'est en ces termes que le président de l'Union nationale des opérateurs de pharmacie (Unop), Ammar Ziad, a ouvert fin 2007, à Alger, les travaux d'un colloque sur «les perspectives de développement pour l'industrie pharmaceutique algérienne dans le nouveau contexte international». Cette dépendance se situe à hauteur de 80% des besoins. Ce qui revient à dire que la production nationale assure 20% de la demande globale en médicament, au moment où elle peut doubler sa production. Selon les industriels, cette situation est la conséquence directe du désengagement de l'Etat du secteur. Un désengagement «unilatéral» matérialisé par l'abandon des pouvoirs publics de la mesure portant interdiction d'importation de 128 médicaments produits localement. En 1991, les pouvoirs publics, dans le cadre d'un cahier des charges, obligent l'importateur à investir dans la production après deux années d'importation. En contrepartie, une priorité dans la commercialisation de ses produits sur le marché lui est garantie. Les premiers laboratoires privés, faisant d'abord dans le dumping (de la mise en bouteille), ont ainsi vu le jour. Sauf que ces entreprises n'ont pas encore consolidé leur investissement quand l'Etat, qui avait promis de les protéger en 1991, lève cette obligation d'investir et ouvre la voie, dès juin 2005, à l'importation de tous les médicaments. «Les entreprises engagées actuellement dans la production en Algérie, dont celles regroupées au sein de l'Unop, sont profondément inquiètes par la disparition de cette protection et, en conséquence, par la menace que fait peser sur elles la puissance des grandes entreprises multinationales et celles de concurrents étrangers beaucoup plus aguerris aux plans technique, financier et commercial», déclare Ammar Ziad. La question qui se pose est celle de savoir comment les pouvoirs publics vont devoir assumer leur engagement de protection de la production nationale et des projets d'investissements qui ont été réalisés (ou sont en cours de réalisation). La réponse de l'Etat à cette préoccupation est claire. Aucune mesure de protection n'est possible dans l'environnement économique actuel et à venir, argue, fin octobre 2007, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar. C'est un double problème qui se pose au secteur : d'une part, on continue d'importer de plus en plus et, d'autre part, on est loin de pouvoir rentabiliser l'investissement industriel. Lequel des deux aura le dernier mot ?