Résumé de la 1re partie n M. Dumesnil est intéressé par la commode «hantée» que Mme Cornwall se propose d'offrir... Vous avez là, chère madame, un meuble de toute beauté. De quelle époque peut-il bien être ? — Mon Dieu, pas très ancien. Disons le début du XIXe siècle au maximum ! — Presque deux cents ans, cela vous semble peu ? Mme Cornwall se met à rire : — Quand vous aurez mon âge ! Cette commode vous plaît-elle ? — Si elle me plaît ? Mais c'est un meuble splendide ! Je ne parviens pas à croire que vous vouliez la céder gratuitement. J'aurais honte d'accepter. Si vous voulez bien me la confier, je ne pourrais faire moins que de vous offrir quelque chose pour vous remercier... — N'oubliez pas que vous emporterez le fantôme en même temps que la commode... Attendez un peu ! Il faut voir si le fantôme se plaira chez vous... Jean-Patrice Dumesnil se met d'accord avec Mme Cornwall. Mais en la quittant il ne peut s'empêcher de penser : «La pauvre vieille a un grain. La mort de son cher époux lui a tapé sur la cafetière... En tous les cas, je viens de faire une affaire du tonnerre. Une chance comme ça, ça n'arrive pas deux fois dans une vie.» Chance ou malchance ? C'est à voir ! Quelques jours plus tard, la magnifique commode au décor de fleurs devient le meuble principal de l'atelier-chambre à coucher de Jean-Patrice Dumesnil. Les quelques premières nuits se passent sans incident puis, au bout d'une semaine, vers minuit, Jean-Patrice est réveillé par un coup sec... Il a du mal à réaliser d'où vient ce bruit... Un second coup suit le premier. Puis un troisième, un quatrième. Dans la pénombre, il finit par en déterminer l'origine : — Nom d'une pipe ! La commode ! Alors c'est vrai, il y a bien un fantôme... Pas de doute : les tiroirs du beau meuble s'ouvrent et se referment. Avec force. Jean-Patrice quitte son lit et va les examiner. Au moment où il se penche, il manque recevoir un de ces tiroirs fIeuris en plein visage. Il le retire du meuble et l'examine. Joli travail d'ébénisterie. Lourd et parfaitement ajusté : — C'est à n'y rien comprendre. Pas de mécanique... Bigre, bigre ! Désormais, très régulièrement, Jean-Patrice est réveillé par la sarabande des tiroirs fleuris. Au bout de quelques minutes, tout rentre dans l'ordre. Une nuit, il fait une constatation : — Une chose est sûre, les tiroirs bougent toujours dans le même ordre ! Sauf celui du bas à gauche. Depuis qu'il est propriétaire de la commode, Jean-Patrice n'a jamais pu ouvrir ce tiroir. Il a pensé que le bois avait joué et s'est réservé de faire intervenir un ébéniste de ses amis pour ouvrir le tiroir rebelle sans endommager la commode. Au cours d'une des nuits suivantes, une nouvelle émotion l'attend. — Qui c'est, celle-là ? «Celle-là», c'est une forme fantomatique qui semble sortir de la commode comme une fumée légère. Justement, cette forme provient du tiroir qui reste obstinément fermé... Elle évoque vaguement la silhouette d'une femme vêtue d'une tunique blanchâtre. On dirait que cette femme se penche sur la commode, à la manière de quelqu'un qui cherche quelque chose. — Bon, dès demain matin, j'appelle le père Ferrari. Il faut qu'il m'ouvre ce tiroir. Que je voie s'il y a quelque chose dedans. (à suivre...)