Réforme n Les pouvoirs publics cherchent d'autres modes de financement de la sécurité sociale dont les recettes dépendent aujourd'hui des cotisations des salariés. Une commission nationale de réflexion autour d'un financement alternatif pour la sécurité sociale a été officiellement installée, hier, samedi, par le ministre chargé du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. «La commission examinera l'organisation actuelle du système financier de la sécurité sociale et présentera des propositions autour des réformes qui seraient possibles d'engager», a déclaré Tayeb Louh. «Le rapport annuel prouve une hausse dans les dépenses de la sécurité sociale surtout les dépenses relatives à la santé. Ce développement doit être suivi par une évolution dans les recettes de la sécurité sociale», explique-t-il. Le ministre affirme qu'en 2006, 135,5 milliards de dinars ont été dépensés par les différentes caisses de la sécurité sociale dans la santé, dont 54 milliards de dinars uniquement pour le remboursement des médicaments. En 2007, ajoute-t-il, la même ardoise était de 64 milliards de dinars. Soit une évolution de 10 milliards de dinars en une année. Cette évolution des dépenses engagées dans la santé est une «bonne chose», selon le premier responsable du secteur. «Ceci prouve une plus grande couverture sanitaire de la part de la sécurité sociale au profit des assurés et des ayants-droit», affirme-t-il. Le ministre n'a avancé aucun chiffre concernant les recettes de l'organisation dont les seules rentrées d'argent sont les cotisations des salariés déclarés. Tout porte à croire cependant que les dépenses qui augmentent sans cesse menacent à terme le régime de la sécurité sociale dans son fondement. «La première chose à laquelle il faut penser, c'est de trouver d'autres sources de financement», avance M. Louh. Dans sa recherche, la commission s'est vu fixer des lignes rouges. A en croire le ministre, l'institution ne sera pas révolutionnée puisque la recherche des nouvelles sources de financement se fera dans le respect de ses principes fondateurs à savoir la «solidarité» et la «répartition». «Notre sécurité sociale a comme fondement principal le régime des répartitions. Il est exclu, dès lors, de changer quoi que ce soit», indique-t-il. L'orateur a aussi exclu toute révision à la hausse du niveau actuel des cotisations. Le recul de l'âge de départ à la retraite, pour la sauvegarde de la politique de cotisation, «n'est pas à l'ordre du jour», déclare-t-il encore. «Et si cela doit survenir, nuance-t-il, il doit être fait dans le cadre des réformes macroéconomiques globales et en fonction des ressources futures des différentes caisses de la sécurité sociale.» La commission, tout compte fait, a le pouvoir de faire appel à toute compétence susceptible de l'aider dans son travail. Regroupant entre autres des cadres du ministère de tutelle, des représentants du patronat, du Cnes, de l'Ugta et trois experts, la commission doit soumettre son rapport final au plus tard dans un délai de six mois. Des médecins conventionnés l Le ministre chargé du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale a dévoilé, hier, samedi, un projet portant conventionnement des médecins traitants avec le régime de la sécurité sociale s'agissant de «l'assurance maladie». Une opération pilote devrait être lancée à partir d'avril prochain. «L'opération sera engagée dans un délai de deux mois. Il s'agit de reproduire la même expérience que les conventions signées avec les pharmaciens», assure Tayeb Louh. Cette opération pilote sera lancée dans les wilayas qui ont déjà accueilli l'opération portant mise en place de la carte Chiffa pour le tiers payant. Selon le ministre, ils sont 1,7 million de personnes à bénéficier actuellement de ce régime dont la généralisation complète est programmée pour l'année 2012. Une nouvelle politique de l'emploi l Un projet portant «politique de l'emploi» applicable sur une période de cinq ans (2008-2013), sera présenté «dans quelques jours» par Tayeb Louh en Conseil de gouvernement. «Les effets de l'application de cette politique seront perceptibles à partir de l'année prochaine», a déclaré, hier, samedi, M. Louh. «Cette politique sera axée sur le secteur économique et sur la formation des chômeurs», a indiqué le ministre. Il est attendu aussi de cette réforme une refonte complète des organismes (agence de l'emploi, direction de l'emploi…). Selon les déclarations du premier responsable du secteur, l'application de cette nouvelle politique générera de nouvelles recettes pour la sécurité sociale. Le ministère du Travail a hérité du dossier de l'Emploi – confié précédemment au ministère de la Solidarité nationale – durant l'été 2007, lors du remaniement du gouvernement qui avait été opéré après les élections législatives du 17 mai.