Résumé de la 15e partie n Une contre-expertise est demandée par la défense de Marie Besnard. On n'arrive pas à obtenir d'elle des aveux. A la fin de 1953, les experts désignés éliminent six cadavres des victimes supposées de Marie : après une deuxième exhumation, on s'est rendu compte que les cadavres n'étaient plus en mesure de fournir des indices, vu leur état de décomposition avancée. Le 6 mars 1953, la Chambre criminelle ordonne le transfert vers Paris, du dossier de Marie Besnard. Le 10 juin, la Cour de cassation ordonne que le dossier soit traité devant la Cour d'assises de la Gironde, à Bordeaux. Marie est transportée vers la prison de Bordeaux. Le second procès commence le 15 mars 1954. Aux trois avocats de la défense, Mes Gautrat, Hayot et du Cluzeaun s'est joint maître Favreau-Colombier. Des voisins et des connaissances de Marie viennent témoigner. Tous parlent de son avarice, de sa méchanceté et de sa cruauté. «C'est une femme capable de meurtre ! — Elle aurait tué plusieurs personnes, sans éprouver de remords ? — Oui ! cette femme est un monstre ! L'un des plus odieux est Auguste Massip, qui avait accusé Marie d'avoir allumé un feu «à distance», par sorcellerie, pour brûler sa maison. Il lui avait intenté un procès, mais il a été débouté. Dans Le Monde du 24 mars 1954, on peut lire : «On a vu à la barre un extraordinaire personnage verbeux, intarissable, se prenant pour un justicier, pour le fin limier de l'affaire, singeant les intonations de tous les personnages qu'il faisait dialoguer dans son récit. Glapissant d'une voix de fausset, M. Massip de s'exprimer dans le langage de Bouvard et Pécuchet. Jamais, dans une enceinte de justice, le ridicule n'est allé aussi loin… On l'a, cependant renvoyé dans ses foyers, et avec raison. La justice se doit d'être sérieuse. Mais ce qui est grave et inquiétant, c'est qu'il a fallu attendre six ans pour qu'un magistrat découvre enfin qui était M. Massip ! Le juge d'instruction n'avait pas pris garde. Il avait consigné précieusement tout ce que lui disait ce témoin. Il en avait fait la base de son instruction. Aujourd'hui, l'erreur est enfin réparée…» D'autres témoins seront également renvoyés, pour absence de preuves. On produit des lettres anonymes, mais que vaut une lettre anonyme ? Le juge Roger, décidément hostile à Marie, tente d'en tenir compte. — Vous n'allez pas juger cette femme sur la foi de lettre anonyme ! tonne un avocat — Il est bien commode de se réfugier derrière l'anonymat pour accuser les gens ! tonne un autre. On rappelle le scandale des faux billets où Marie aurait reconnu sa culpabilité. «On a bien prouvé qu'on a gratté la lettre pour mettre le contraire de ce que l'accusée a voulu dire… Alors pourquoi ne pas fabriquer de lettres anonymes pour enfoncer l'accusée ? C'est inacceptable !» L'argument de la lettre anonyme n'est pas retenu. Et les témoins sont renvoyés… Ils n'apportaient aucune preuve ! (à suivre...)