Chiffre n Sur 500 milliards de dollars d'investissements potentiels détenus par les hommes d'affaires du Golfe, l'Algérie en a attiré 6 milliards à fin novembre dernier. «Faute de grives, on mange des merles», dit l'adage. Le cap semble définitivement mis vers les investissements arabes, devant les tergiversations – certes justifiées – des opérateurs européens à investir le marché algérien. En proie à un chômage galopant, un pouvoir d'achat décroissant et une dépendance de plus en plus grandissante des recettes d'hydrocarbures, le pays ne peut plus attendre. Un véritable forcing est alors effectué depuis quelques mois par les autorités algériennes en vue de s'approprier une part respectable des quelque 500 milliards de dollars d'investissements potentiels détenus par les hommes d'affaires du Golfe. Pour preuve, le dernier Forum économique d'Alger, tenu les 20 et 21 janvier, qui s'est réduit, au vu de la qualité et la nationalité des participants, à une «rencontre des investisseurs arabes en Algérie». Le chiffre annoncé, 6 milliards de dollars à fin novembre 2007 (56% de l'ensemble des IDE), n'est pas négligeable même si d'aucuns estiment que le pays peut mieux faire au vu de ses immenses potentialités et, surtout, des facilités qui ne cessent d'être accordées aux opérateurs étrangers. Ces facilités vont de la simplification des procédures administratives et bancaires à la cession du foncier public au dinar symbolique (disposition contenue dans la loi de finances 2008) en passant par l'allégement des charges fiscales. L'achèvement des nombreux chantiers d'infrastructures de base, lancés dans le cadre du plan de soutien à la croissance, à l'image de l'autoroute Est-Ouest, constituera un attrait supplémentaire. Le président du groupe Economie et affaire, Raouf Abou Zaki, qui participait au Forum d'Alger, est de ceux qui pensent que «les investissements arabes en Algérie demeurent faibles, compte tenu des opportunités existantes». Environ 19 autres milliards sont annoncés par l'agence nationale de développement des investissements (Andi) pour l'année en cours en promesses ou intentions d'investissement dans divers domaines, notamment le tourisme et l'immobilier. Selon Djamel Zerguini, responsable des investissements étrangers au niveau de l'Andi, ces intentions d'investissements sont à 90% «des engagements fermes». Autrement dit, des projets à l'état d'étude. Comme ceux du groupe émirati Eemar, qui n'en finit pas de faire parler de lui et qui arrive en tête des groupes étrangers quant aux intentions d'investissement. L'année 2008 semble être la bonne pour ce groupe spécialisé dans l'immobilier et le tourisme et qui a fini par en faire douter plus d'un sur sa réelle volonté d'investir en Algérie suite à ses nombreuses tergiversations, pour ne pas dire volte-face. La nouveauté dans ces projets futurs, c'est le fait qu'une partie d'entre eux se situe dans le domaine industriel contrairement aux précédents qui, à de rares exceptions, ciblaient essentiellement l'immobilier et le tourisme. Les projets à l'état d'étude, selon le responsable de l'Andi, se situeront dans l'industrie du fer, de l'acier (1,8 milliard de dollars), de l'aluminium (5 milliards), du médicament (2 milliards), du ciment (0,4 milliard), et d'autres projets dans l'industrie agroalimentaire.