Refuge n Située près d'une région fortement boisée, la ville d'El-Affroun ne pouvait, à la faveur de la dégradation de la situation sécuritaire, que constituer le point de chute de nombreuses personnes fuyant le spectre de la mort. Cela fait 8 ans que Fatiha, 34 ans, s'est mariée à Sidi Salem, une région fortement boisée située à quelques encablures de la ville d'El-Affroun (20 km à l'ouest de Blida). Ses parents étaient relativement aisés. Ils avaient même une jolie maison au pied de la montagne. Mais, dès l'avènement du terrorisme, sa famille a vite fait de quitter les lieux dans la mesure où le spectre de la mort planait avec insistance chaque jour davantage. Elle a jeté son dévolu sur un grand ravin situé juste en dessous du Centre de formation professionnelle et administrative (CFPA) d'El-Affroun situé sur les hauteurs de Béni Mouimen. «C'est en 1996 que nous sommes venus ici après que la menace sur nos vies devenait de plus en plus pressante», se souvient-elle. Trois ans plus tard, Fatiha n'a pas tardé à ramener sa sœur mariée habitant à Médéa, et avec deux enfants à charge. «A vrai dire, l'endroit où elle habitait était infesté par les hordes sanguinaires. En outre, son mari était au chômage depuis près d'un an. C'est pour cela que j'ai décidé de faire appel à elle», nous dira notre interlocutrice, ajoutant que de la sorte, elle s'était sentie moins dépaysée. Une année après qu'ils se furent établis dans leur nouvel environnement, le mari de la sœur de Fatiha ne tardera pas à faire la connaissance d'une jeune femme vivant dans les parages, habitant, elle aussi, un taudis. Les mauvaises langues disent que c'était une femme aux mœurs légères. Tombant sous son charme, notre homme ne tardera pas à l'épouser, sans pour autant renoncer à sa première femme. Et à l'image de Fatiha, de nombreuses personnes ont jeté leur dévolu sur cet endroit. «Ce sont souvent des personnes qui ont fui leurs régions d'origine à l'apogée du terrorisme. Elles viennent, pour la plupart, des régions de Tipaza, Médéa et Aïn Dela», nous dira Youssef Ouakkad, cadre au sein de la direction de l'action sociale (DAS) de la wilaya de Blida. Selon notre interlocuteur, bon nombre d'entre eux (pour ne pas dire tous) n'ont pas de résidence. La majorité, arrivant difficilement à joindre les deux bouts, s'alimente en électricité à partir des poteaux alentour ou de chez un voisin. S'agissant de l'activité des habitants de ces bidonvilles, ces derniers travaillent généralement au noir, notamment dans les domaines de la construction et de l'agriculture.