Image n L'entrée principale étroite de ce bidonville, donne déjà un avant goût de ce que peut être l'intérieur. Les rues sont sales, il n'y a ni eau, ni gaz, ni électricité, chacun, nous disent quelques habitants, se débrouille comme il peut. Il existe seulement un oued à côté, et la décharge publique de Oued Semmar, en face. «De bons voisins», indique ironiquement un jeune, la trentaine passée. «Bienvenue en enfer», nous invitent d'autres. Les câbles sont branchés anarchiquement, aggravant le risque d'accident en temps de pluie. L'assainissement est un autre calvaire qui empoisonne la vie de ces citoyens, les conduites d'eaux usées ne sont plus à même d'assurer l'évacuation de manière convenable. En hiver comme en été, des conduites bouchées déversent, à même la chaussée, leurs eaux nauséabondes qui s'infiltrent dans les maisons, plutôt dans les baraques les plus proches. Ces conditions de vie désespèrent les habitants. «Depuis l'installation de ces baraques, soit au début de l'année 2000, personne n'a pris la peine de nous recevoir», nous a indiqué M. Madani, président de l'association Ali-Khodja, une organisation de quartier, constituée pour défendre, un tant soit peu, les droits de ces citoyens. Des Algériens, de différentes catégories socio-professionnelles, ont élu domicile dans cet endroit : des médecins, des étudiants, des officiers des services de l'ordre, et des journalistes, y cohabitent. Les résidents de ce site sont, dans la plupart des cas, sans emploi stable et, de ce fait, marginalisés et ne songent plus qu'à quitter le pays. Rencontrée devant sa petite baraque, une sexagénaire, ne manque pas d'exprimer sa colère, et à travers elle, celle de tous ses voisins. «Les jeunes ici travaillent rarement, et lorsqu'ils trouvent des petits boulots, ils sont payés à la journée, ils ne songent qu'à partir, tout le monde ici veut quitter le pays, car nos responsables nous ignorent et ne veulent pas nous aider» se plaint-elle, les larmes aux yeux. D'autres estiment que depuis que le président Bouteflika, a inscrit dans son agenda, la réalisation de un million de logements, à travers tout le territoire national d'ici à 2009, personne, (notamment les autorités locales), n'a bougé le petit doigt. «Ecrivez cela s'il vous plaît, les anciens élus, nous ont totalement ignorés, et pourtant nous sommes tous des algériens », se désole un jeune, avant d'ajouter : «Maudit soit le jour où je suis né en Algérie.» «Nous avons l'impression d'être des étrangers dans notre pays. Pourtant nous ne demandons qu'une chose : qu'on nous traite comme des citoyens», dit, pour sa part, M. Madani.