Résumé de la 3e partie n Le chanoine cache les tableaux d'Eve et Adam. Quant à celui du célèbre Eyck l'Agneau Mystique se trouve dans un chariot d'un marchand de ferraille qui erre dans les rues de Gand… On obtient du ministre de la Science et des Beaux-Arts un ordre de mission, muni de tous les cachets. Cet ordre enjoint au clergé de Saint-Bavon de remettre L'Agneau mystique à un envoyé aussi officiel qu'anonyme qui est censé se charger de l'évacuation des panneaux vers... l'Angleterre. Effectivement, quand les Allemands posent les questions qu'on attendait, on leur montre le bordereau d'expédition. La réaction des Allemands est étonnante ; ils se mettent à rire de bon cœur : «Comme vous êtes naïfs, pauvres Belges, d'avoir confié votre trésor aux fils de la perfide Albion. Jamais vous ne reverrez votre Agneau mystique !» Les Gantois prennent un air penaud, mais les Teutons se méfient : «Cela dit, vous allez bien nous indiquer qui a effectué ce transport ? Et la date exacte de ce transport, s'il vous plaît !» Le chanoine refuse de répondre. En 1915, une demande arrive de Berlin. Les Allemands, qui savent qu'ils ont, de plus en plus, une réputation détestable, demandent aux Gantois... un certificat : «Je soussigné, bourgmestre de la ville de Gand, certifie par la présente que les troupes allemandes ne sont en aucune manière responsables de la disparition du fameux polyptyque de l'Agneau mystique, du peintre Jan van Eyck...» Pourquoi cette demande tardive ? Tout simplement parce qu'un journal italien (l'Italie était encore neutre avant de devenir l'ennemie de l'Allemagne dans ce conflit), prétendait que les Allemands avaient emporté l'œuvre vers Berlin... Un bobard de plus, mais qui avait bouleversé toute l'Europe des amateurs d'art. Bientôt le certificat ne suffit plus à l'envahisseur allemand. Deux experts germaniques arrivent à Gand et font le siège du chanoine : «Nous savons que les panneaux ne sont pas en Angleterre. Dites-nous simplement où ils se trouvent. S'ils sont encore à Gand, nous allons nous occuper personnellement de leur sauvegarde.» Le chanoine ne dit rien. On passe à la vitesse supérieure. Un officier allemand l'interroge, sans beaucoup d'amabilité : «On m'a parlé d'une carriole qui aurait quitté la maison de l'évêque, peu avant notre arrivée, chargée de tuyaux cassés et de vieux tapis. Bizarre... Que contenait- elle ? Où allait-elle ?» Comme quoi, certains avaient quand même remarqué le mystérieux équipage... «Il faudrait vous adresser au ministre de la Science et des Beaux-Arts. C'est lui qui a ordonné le transfert ! — Nous l'aurions fait depuis longtemps, mais il a fui. Il semble qu'il ait trouvé refuge en France...» L'officier insiste, enquête, réfléchit et reconvoque le chanoine : «Bon, il n'y a que trois solutions possibles. Premièrement, l'Agneau mystique est encore à Gand. Deuxièmement, il est quelque part en Angleterre, attendant notre arrivée. Troisièmement, le ministre de la Science l'a emporté avec lui. Dans ce cas, nos services de renseignements estiment qu'il se trouve actuellement, tout comme le ministre, au Havre. Il serait, en ce moment, à bord d'un navire, un croiseur anglais ou français, prêt à traverser la Manche.» Le chanoine ne répond pas. Il regarde par la fenêtre. En fait, il contemple, à peu de distance, la maison dans laquelle l'Agneau mystique est caché. (à suivre...)