Résumé de la 4e partie n Le chanoine a juré de ne pas divulguer la cachette des tableaux. Des officiers allemands le convoquent pour un 3e interrogatoire… Les Allemands écrivent alors à l'évêque, sèchement, pour lui demander de révéler la cachette des panneaux. Celui-ci répond, honnêtement, qu'il n'en a pas la moindre idée. Puis ce sont des photographes allemands qui se présentent en demandant, poliment, la permission de photographier différentes œuvres qui se trouvent chez l'évêque : «Et, bien sûr, l'Agneau mystique aussi — Pour celui-ci, il faudrait vous adresser au chanoine... — Nous sommes certains qu'il est encore à Gand, et même dans le quartier de la cathédrale... — Adressez-vous au gouvernement belge.» Suit une fouille en règle de la demeure de l'évêque... Sans résultat. Mais les Allemands passent, petit à petit, à une phase hélas trop classique dans les occupations territoriales : ils réquisitionnent de plus en plus de maisons particulières. Et ce sont, pour la plupart, des maisons bourgeoises. Le danger se rapproche des deux demeures où sont dissimulés les panneaux. Il faut agir... C'est par un froid après-midi de février 1918 que le chanoine héroïque et ses quatre complices, prenant les plus grands risques, sortent les panneaux de leur cachette et les transportent vers un nouvel asile, une maison plus modeste, qui risque moins d'être réquisitionnée par l'occupant. Mais une fois leur mission accomplie, les «patriotes déménageurs» ne sont pas au bout de leurs angoisses : «Les Allemands sont en mauvaise posture. Il paraît qu'ils vont bientôt évacuer la ville... — Oui, mais ils ont promis de la raser en partant.» Heureusement, les Allemands quittent Gand sans mettre leur projet à exécution. Puis c'est l'armistice de novembre 1918. Quinze jours plus tard, les panneaux dépareillés mais intacts de L'Agneau mystique réintègrent solennellement la cathédrale Saint-Bavon. L'aventure ne s'arrête pas là. L'Allemagne vaincue doit s'incliner et signe le traité de Versailles, qui laissera dans la bouche des Prussiens un goût d'amertume et de revanche. Pour l'instant, les Alliés imposent leurs conditions. «L'Allemagne devra rendre à la Belgique les panneaux de L'Agneau mystique qui sont actuellement au Kaiser-Friedrich Museum de Berlin.» On en profite pour récupérer aussi la Dernière Cène, triptyque de Dierick Bouts, qui était à Louvain, et s'était retrouvé à Berlin, puis à Münich. Le retour des panneaux berlinois à Bruxelles est l'occasion d'un enthousiasme populaire délirant. Des milliers de Belges se déplacent pour contempler le trésor revenu. On décide alors d'y joindre Adam et Eve, qui sont à Gand, et de reconstituer l'œuvre dans son intégralité. Le retour, par le train, provoque un pavois général de drapeaux belges sur toutes les maisons. La Brabançonne éclate sur toutes les lèvres. A Gand, on trinque, on fait des discours, toutes les cloches se mettent joyeusement en branle (à suivre...)