Partage n Manât, une formation musicale venue de France, s'est produite, hier, à la salle Ibn Zeydoun (Riad El-Feth), dans le cadre du festival culturel européen. Tirant son nom de la déesse arabe du destin et de l'amour en période préislamique, la formation, composée de sept artistes, au chant comme aux instruments, mêle chants polyphoniques corses aux traditions musicales méditerranéennes, notamment orientales. Le tout s'organise et se fait entendre dans une composition musicale originale, née naturellement d'une association d'instruments divers, tels que le violon, la guitare, le oud, la cythare, le mandole… Les sons de la guitare ou du violon se marient avec autant de beauté que de grâce aux inflexions du oud ou du mandole. Le tout vient s'exprimer avec une ferveur artistique et créative. Par sa musique, Manât se perçoit comme un imaginaire, une rêverie. C'est un nom résonnant comme un voyage vers le beau et le sublime, dans un univers fait d'images poétiques et d'impressions sensorielles, d'admiration esthétique et de dévotion spirituelle. C'est un périple musical aux multiples sonorités. Ainsi, Manât propose, au gré des variations vocaliques, tantôt masculines, tantôt féminines, des musiques plurielles, aux accents descriptifs proclamant et revendiquant à l'unisson une méditerranéité rayonnante et envoûtante. Une méditerranéité partagée et à la croisée des cultures et des sons. Manât, qui met invariablement en commun une diversité de sens et de caractères, d'aptitudes et de sensibilités, nous invite aux rythmes d'une longue promenade musicale à découvrir des chants ancestraux – inspirés du terroir corse, revisité et réorchestrés avec autant d'imagination que d'habileté – et, par conséquent, à nous faire découvrir cette diversité qui est en chacun de nous. Manât se perçoit aussi comme une recherche continuelle de style et de sonorités nouvelles. Il cherche, çà et là, en Méditerranée comme ailleurs, très loin en Orient (Inde et Pakistan), de nouvelles empreintes et des influences musicales inédites, en vue de multiplier les sonorités, d'enrichir son répertoire et, donc, de cumuler les expériences. Manât, qui partage avec le public des instants de joie euphorique, s'avère alors constamment ouvert aux autres cultures et à l'écoute des sons et accents de chacune, de manière à conférer à sa musique autant de colorations spécifiques que de sentiments descriptifs et d'intonations mélodiques. Ce concert tout en couleurs et en sons a été proposé, rappelons-le, par le centre culturel français d'Alger, dans le cadre de la 9e édition du festival culturel européen en Algérie. Les mêmes services proposeront, le 29 mai, un autre concert, celui de Didier Lockwood Trio.