Constat n Par souci de résultats immédiats, des présidents de club oublient de jeter un regard sur les jeunes : des générations entières ont été sacrifiées. Petit exercice de probité : un président d'un club en très mauvaise posture décide de jouer franc jeu et va alors ramasser, au fond d'un sachet noir, les 800 millions ou un milliard qu'il avait mis à côté pour acheter en épilogue de la saison deux ou trois matchs de survie. Son équipe perd les armes à la main et rétrograde, mais l'AG le reconduit en raison de sa conduite «d'homme». Il fait alors une grosse commande : plein de souliers de foot, petites pointures, autant de survêtements, maillots, shorts et bas, taille pupilles. Ses Messi vont revenir à moins de 100 millions. Trêve d'imagination ! cet homme-là est comme la femme de Colombo. Il faudra rêver pour le voir. Combien sont-ils ces présidents qui décident de s'en passer de stars préfabriquées et à la cote surévaluée et osent parler de formation sans s'attirer les foudres d'un applaudimètre très peu patient ? Combien reste-t-il aujourd'hui de ces clubs dits formateurs où l'on apprend les rudiments du contrôle, de la passe et du positionnement sur le terrain pour qu'ensuite à l'âge du spectacle, on puisse jouer 90' les yeux fermés. Peu ou pas du tout lorsque l'on commence à énumérer les derniers vestiges de la formation en Algérie. Et pourtant, on n'est pas obligé d'écouter dévots et cassandres pour apprendre que la formation n'est ni perte de temps ni perte d'argent. Placée entre des mains sûres, la formation est le plus porteur des investissements. On fabrique des champions, du spectacle et on fait même rétrécir, avec un public sage et savourant le spectacle, les poches de la petite… criminalité. A Amsterdam, on devient grand au prestigieux Ajax à l'âge de 10 ans. En entrant à un âge précoce à l'école rouge et blanc, on est sûr de devenir quelques années plus tard soit un Johannes Cruyff soit un professeur de maths qui va, avec une écharpe au cou, supporter le club à l'Arena. L'esprit Ajax avait ses adeptes naguère en Algérie avec le travail de fond dans des écoles comme le NAHD ou l'ASMO pour ne citer que ces deux gisements à ciel ouvert. L'arbre soigné, défriché, a vite donné ses fruits : des résultats et de la notoriété. Cet esprit-là a emmené aussi une génération de jeunots surdoués, au Japon, jouer contre un jeune de 17 ans qui ne s'appelait pas encore Maradona ou encore un petit harrachi du nom de Medane qui, un jour à Barcelone, a subjugué tout son monde pour être sacré meilleur cadet de la planète. Dans le même temps, les Belkhetouat, Boukar et autres Mekhloufi étaient loin de douter qu'ils allaient être les derniers dépositaires d'une EN juniors vouée à la disparition. C'était comme une chronique d'une mort annoncée. Cette génération enluminée partie, le public algérien n'aura droit par la suite qu'à une succession de déroutes. Pour les besoins d'un tournoi régional ou continental, on fait le tri à la hâte, quitte à faire la bêtise et prendre un joueur blessé. Sitôt engagés, sitôt éliminés. La suite est connue : une génération sacrifiée sur l'autel de la bêtise et pour honorer les tranches manquantes aux séniors, on peut même jusqu'à revendre au marché parallèle les survêtements promis en début de saison aux minimes.