Ambiance n Pour sensibiliser la population au sujet de la dépollution de la ville, «Alger sans voitures» a été, l'espace de la journée d'hier, une initiative réussie. Seuls les commerçants manquaient à l'appel. Dans sa salopette ample et barbouillée, le bouffon redouble de jongleries en traînant lourdement ses énormes chaussures et lorsque, après une demi-heure de jeu et de joie, il va ramasser sur le plancher son nez dodu, il est vite assailli par une ribambelle d'enfants qui ne le lâchent pas alors d'une semelle. Parce qu'il n'y a pas de voitures qui circulent, ces petits crient, hurlent et agacent le clown pour qu'il continue son numéro. A la place Maurice-Audin, l'événement «Alger sans voitures, la rue est à vous» bat son plein. En ce vendredi, zorna, rap, musique moderne s'entremêlent dans un brouhaha indescriptible. Sur les ondes d'El-Bahdja, la radio initiatrice de la manifestation, celle-ci est retransmise en direct avec des interventions de spécialistes invités à donner leurs avis sur la dépollution de la ville. «Alger, une ville sans voiture» est une manifestation où le vrombissement des moteurs n'avait pas droit de cité. Du 132, rue Didouche jusqu'à la place des Martyrs en passant par Audin et la Grande-Poste, c'est la fête avec la couleur verte, celle de l'environnement et de l'écologie. Les agents de l'ordre veillent au grain. Pour que la fête ne soit pas gâchée, pas un intrus n'est autorisé. Beaucoup d'institutions sont associées à cet événement comme le ministère de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire et du Tourisme, Sonelgaz, la Dgsn, l'établissement Art et Culture et bien d'autres. Tous réunis autour d'un même objectif : rendre à Alger son âme. Les rues sont vidées des engins motorisés. Seuls les bus roulant au GPL, un carburant moins polluant, sont autorisés à circuler. Ils ont été ramenés pour la circonstance par Sonelgaz. Place alors au karting, skateboard, vélos, et au marathon. Sous le regard de leurs parents, des riverains et des badauds, des petits pas plus hauts que trois pommes s'adonnent et en toute jovialité à des jeux improvisés. Des fillettes font non loin de la Grande-Poste, du spectacle avec un match de basket-ball assez musclé qui n'en finit pas. Non loin de là, des garçons et des filles font la queue patiemment pour s'initier au code de la route et à la circulation routière dans les engins miniatures de la Dgsn. De chaque côté de la chaussée, pointent des mégaphones d'où jaillissent des décibels assourdissants et des points d'eau pour se désaltérer. Tout le monde semble émerveillé et le spectacle ne perd pas un brin de sa verve à mesure que le temps passe. Alors qu'un marathon passe par les lieux, une centaine de petits malades chroniques qui «n'ont jamais mis les pieds à Alger», selon un organisateur, improvisent un pique-nique et plein d'acrobaties dont ils ont seuls le secret. Renseignement pris, il s'agit d'une équipée ramenée à la manifestation par l'association bienfaitrice Le Souk. Seul bémol, les commerçants n'ont pas été au rendez-vous et ce malgré les appels lancés en leur direction pour se mobiliser à cette occasion. Peut-être aurait-il fallu davantage de publicité. Dommage.