Résumé de la 2e partie n Ernest et Louise n'ont pas d'héritier. Ils forment à la dure leur neveu Gabriel Cognacq qui, plus tard, à la tête de l'empire, collectionne, lui aussi, les œuvres d'art... Mais le fils de Gabriel, Philippe, veut vivre libre. Il désire être aviateur. Gabriel, en apprenant cette décision, le chasse de la maison. Le «traître», le moment venu, ne sera même pas cité dans le testament de son père. Nous arrivons en 1936 et Gabriel, représentant d'un paternalisme familial vieux de près de soixante-dix ans, ne comprend rien au Front populaire, aux grèves, aux revendications sociales, qui lui semblent obscènes. La Samaritaine ne fait-elle pas tout ce qu'il faut pour ses employés, depuis leur embauche jusqu'à leur mort ? Gabriel s'enferme dans ses collections, qu'il décide de léguer au Louvre. Boudin, Corot, Jongkind Daumier, Degas, Courbet, Manet, Marquet, Dunoyer de Segonzac : un ensemble prestigieux. 1938 : Gabriel Cognacq est élu membre de l'Institut. 1939 : les camions de la «Samar» évacuent les richesses vers le musée de Chantilly. Puis c'est la vraie guerre. Gabriel accepte la présidence du Conseil des musées nationaux. C'est ainsi qu'il dialogue avec le gouvernement de Vichy, entre au Comité de la Légion des volontaires français, où il côtoie les frères Lumière. Erreur d'un homme qui vit trop isolé du monde. Sa collection est désormais à l'abri, en Corrèze. Il lui faut la tenir éloignée des griffes de l'insatiable Goering, ogre universel en matière de vol d'œuvres d'art. Gabriel Cognacq y parvient, grâce à l'aide du prince von Metternich. Tout cela provoquera des grincements de dents au moment de la Libération et de l'épuration. Le voilà traité de collaborateur et de traître. On demande son arrestation. C'est un homme désabusé qui s'enferme alors dans une solitude hautaine, que seule sa réconciliation avec Philippe, son fils aviateur, vient apaiser. Pourtant, un dernier affront lui est fait. Le conservateur en chef du Louvre lui fait savoir, par une lettre ronéotypée du 31 août 1944, que, désormais, l'accès au Conseil des musées lui est interdit. On lui retire sa carte des Amis du Louvre. Immédiatement, il déchire son testament en faveur du musée et s'écrie : «S'ils veulent mes tableaux, ils les achèteront !» Désormais, ce sont les fondations Cognacq-Jay qui hériteront. Cependant le testament, contesté par la famille, est cassé. Les collections sont vendues. Ce sera l'occasion, en 1952, d'une des plus belles ventes du siècle. Pommes et biscuits, de Cézanne, «fait» trente-trois millions et va rejoindre la collection Walter-Guillaume. Un record qui provoque chez tous les propriétaires de Pommes cézanniennes des espoirs fous. La vente dure sept jours et rapporte 302 525 000 francs... Les musées français, faute de crédits, doivent s'abstenir.