Défi n Les femmes sont de plus en plus nombreuses à mener de pair une carrière de sportive de très haut niveau et de mère, ce qui est loin d'être exceptionnel, mais nécessite une gestion du temps millimétrée, comme pour toutes les mamans qui travaillent. Parmi les plus emblématiques figurent la nageuse américaine Dara Torres, 41 ans, une petite fille, trois mariages et une médaille d'argent au relais 4X100 m libre, dimanche dernier à Pékin, 24 ans après son premier titre à Los Angeles en 1984. Torres a participé aux Jeux de 1984, Séoul (1988), Barcelone (1992) et Sydney (2000), après lesquels elle a raccroché le bonnet de bain et a donné naissance, en avril 2006, à une petite Tessa. Un exemple qu'aimerait suivre la marathonienne britannique Paula Radcliffe, maman d'une petite Isla Lough, venue à Pékin pour gagner l'or olympique qui lui a échappé à Athènes. Son rêve avoué est d'égaler la performance de la Néerlandaise Fanny Blankers-Koen, quadruple médaillée d'or à Londres 1948, après avoir eu deux enfants. Blankers-Koen en a gardé le surnom de «maman volante». Chez les escrimeuses, deux exemples sont souvent cités. Celui de la championne française Laura Flessel-Colovic, 36 ans, qui rêve de décrocher une médaille en épée à Pékin, et de la championne italienne Valentina Vezzali. Mercredi, Flessel-Colovic va enfiler pour la dernière fois lors des JO sa combinaison blanche et son casque marqué du nom de sa fille, Leïlou. Puis «Le 21 août, je suis en Guadeloupe et j'aurai dans mes bras ma fille», dit-elle. «Ma famille, c'est ma recette pour avancer, ma fille me donne de la force», même si elle a dû se résoudre à se séparer de Leïlou le temps des JO. Le plus beau palmarès de l'escrime féminine, la fleurettiste italienne Valentina Vezzali, qui vient de gagner à 34 ans son troisième titre individuel olympique de rang, avoue qu'en dix ans de pression au top niveau, l'amitié et son amour pour son fils lui ont permis de tenir. Elle pourrait maintenant s'octroyer un congé sabbatique pour donner une petite sœur à Pietro. «On va parler de tout cela avec mon mari», a-t-elle assuré après sa médaille. La nageuse espagnole d'origine russe Nina Zhivaneskaya, 31 ans, maman depuis 2005, et loin des bassins pendant deux ans, avoue être à la fois la même et différente. «J'ai remarqué qu'après ma grossesse mon centre de gravité s'est déplacé, dit-elle. J'ai dû adapter ma technique de nage. Je n'ai ni grossi ni maigri, mais je flotte différemment, et même un peu mieux». La judoka cubaine, Driulis Gonzalez, 34 ans, résume la situation des mères championnes en un raccourci : elle avoue avoir le judo dans le sang, le rêve de l'or olympique dans la tête et son fils dans l'âme. Fils pour lequel elle a interrompu sa carrière après son titre à Atlanta en 1996. Ce qui ne l'a pas empêchée de ramener l'argent de Sydney puis l'or d'Athènes. Tout en passant de la catégorie des 57 à celle des 63 kg. La championne olympique de triple saut camerounaise, qui a conquis le premier or pour son pays aux Jeux d'Athènes, Françoise Mbango-Etone, raconte, quant à elle, son angoisse, et ses 31 mois sans sport après la naissance de Niels Adna. «J'avais pris 25 kilos. Je pensais vraiment arrêter le sport. J'ai même eu peur». Elle a remporté cette année le titre de championne d'Afrique de triple saut et est à Pékin, en forme, 63 kg pour 1,72 m. Attitude différente pour résultat similaire, la rameuse espagnole Beatriz Manchon qui a eu une petite Beatriz en juillet 2007 raconte. «J'ai accouché un lundi et le samedi suivant je ramais sur 2 000 m. Moins d'un mois et demi plus tard je faisais les championnats d'Espagne».