Résumé de la 1re partie n Duveen est un marchand de tableaux dont la politique est de persuader les milliardaires de remplir leur palais d'œuvres d'art... Toujours est-il que Mellon accepte d'accompagner Duveen à la National Gallery de Londres, où ils passent ensemble un long moment très agréable en se «reposant» devant les toiles de maîtres qui leur semblent dignes d'intérêt. Duveen s'arrange pour faire comprendre qu'il possède lui-même des tableaux au moins aussi beaux et que ceux-ci n'attendent que le moment d'entrer dans la collection personnelle de Mellon. Mellon fait un signe de tête, aussi expressif que le premier. C'est ainsi que Mellon devient un des clients réguliers de Duveen. Seul petit problème : autant le marchand est expansif, autant l'Américain est du genre muet. Il met des heures à se décider, ne laissant rien transpirer de ses états d'âme. Duveen, pendant ces attentes, bout littéralement. Mellon veut, de plus, être absolument certain du «pedigree» de l'œuvre qu'on lui propose. Et il exige d'avoir le coup de foudre... mais ne laisse jamais rien voir de ses émotions. Bon an mal an, Duveen parvient à vendre un ou deux tableaux à Mellon. Rien de plus. Cependant il sème le grain qui va mûrir dans les années suivantes : «Il faudrait créer à Washington un musée digne de ce pays...» En 1929, les Soviétiques décident, pour faire rentrer des devises en URSS, de vendre certains des trésors artistiques hérités de l'ancienne Russie. Parmi eux, des tableaux inestimables, dont certains faisaient partie des collections de la Grande Catherine... Mellon, informé, demande à Duveen d'aller sur place pour se rendre compte de la valeur des tableaux proposés. Duveen accomplit sa mission avec promptitude, et revient pour annoncer que les œuvres sont magnifiques, mais que les prétentions des Soviétiques sont insensées. Mellon ne dit rien, comme à son habitude. Deux ans plus tard, au moment de la vente Mellon se rend acquéreur de vingt et une toiles, mais utilise pour la transaction les services de son agent habituel, qui travaille au pourcentage, alors que Duveen vendait au «prix Duveen» des tableaux dont il était propriétaire... Est-ce la fin de la collaboration entre les deux hommes ? Pas du tout. Au contraire, Duveen est ravi et explique volontiers : «A présent, Andrew Mellon est devenu un collectionneur passionné. Il est mûr pour acheter mes tableaux...» En effet, Mellon possède une collection d'une telle qualité qu'il ne peut plus, pour la compléter, acheter que des chefs-d'œuvre incontestables, que seul Duveen est capable de lui fournir... Que fait Mellon avec ses acquisitions «soviétiques» ? Il les enferme dans des coffres et projette d'aller les admirer de temps en temps... Il y a là la Madone d'Albe de Raphaël, Saint Georges et le dragon, du même artiste, L'Adoration des mages de Botticelli tous ces tableaux religieux n'auraient pas pu être accrochés dans des salons où l'on boit et on fume, et même une Vénus au miroir du Titien, dont la nudité n'aurait jamais pu trouver place sur les murs de la résidence personnelle de Mellon.