Résumé de la 2e partie n Les tableaux religieux acquis par Millon sont enfermés dans des coffres car ne convenant pas aux salons où l'on boit et fume... Duveen n'a pas dit son dernier mot et, pour lui comme pour Andrew Mellon, les années passent. Un jour, Duveen lui déclare : «Nous sommes trop vieux pour passer notre temps à courir l'un vers l'autre. Vous ne viendrez pas à New York chaque fois que j'aurai une œuvre à vous proposer, et je ne pourrais pas venir à Washington pour vous la montrer. Je vais organiser quelque chose de plus commode.» Et Duveen s'abouche avec les personnes occupant le logement qui se trouve juste au-dessous de celui de Mellon. Une fois qu'elles ont déguerpi, il fait aménager l'appartement en galerie d'art. Équipée d'alarmes. Il engage un gérant, des gardiens et remplit le lieu de tous les tableaux qu'il a l'intention de vendre un jour à Mellon. Puis il confie les clefs de cette galerie au secrétaire d'Etat au Trésor lui-même. Très coûteuse initiative... Désormais, en fin de journée, on peut voir Andrew Mellon, en tenue d'intérieur, descendre à l'étage du dessous et passer de longs moments dans la contemplation de ces chefs-d'œuvre. Chefs-d'œuvre dont Duveen lui répète constamment qu'ils devraient être un jour offerts à l'admiration de tous les citoyens américains... Le gérant de cette galerie privée le tient au courant de toutes les visites de Mellon. Parfois, celui-ci donne des réceptions dans la galerie d'art. Il s'intoxique littéralement d'art... Jusqu'au jour où... Mellon convoque Duveen et lui achète, en bloc, tous les tableaux installés dans cette galerie. A des «prix Duveen». Bien plus cher que ce que Mellon avait payé chez les Soviets. Il avait déboursé sept millions de dollars au profit des Russes, Duveen en reçoit vingt et un. Du coup, Mellon se trouve à court d'argent liquide et doit signer des reconnaissances de dettes à Duveen, qui n'a pas dit son dernier mot... Quelques mois plus tard, Mellon écrit au président Roosevelt pour lui proposer la création d'un musée destiné à abriter sa collection. Washington possède, depuis 1836, un musée d'histoire naturelle, agrémenté de quelques tableaux de peintres inconnus. Rien qui soit digne de la capitale des Etats-Unis. Il offre l'argent nécessaire pour la construction et l'entretien dudit musée. Le Président, après consultation du Congrès, accepte l'offre. Duveen convoque l'architecte John Russell Pope, qui dessine les premières ébauches du projet. Mellon les examine. Mais les difficultés commencent... Duveen déteste la pierre comme matériau de construction, et il suggère que le musée soit construit en briques. Mellon, de son côté, a une prédilection pour la pierre, matériau qu'il a fait utiliser pour de nombreux bâtiments officiels de Washington, à l'occasion d'un programme de construction qui lui avait été confié par le président Coolidge. Il avait d'ailleurs obtenu les assentiments successifs des présidents Harding, Coolidge et Hoover. Mais Mellon n'obtient pas l'accord de Duveen, qui organise une réunion avec Mellon et Pope. Il propose : «Il faudrait, pour que le musée soit digne des tableaux qu'il va abriter, le construire en marbre...»