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Mustapha Derbah (P-DG de Mondial Prestige)
«Le sport, ce sont les infrastructures»
Publié dans Info Soir le 01 - 01 - 2004

La Sarl Mondial Prestige est une entreprise prospère qui ne cesse de monter, c?est grâce à son fondateur et P-DG, Mustapha Derbah, qui symbolise le type même de l?entrepreneur parti de rien et qui a su se faire une place dans le monde impitoyable des affaires. Il faut dire que cet homme élancé, qui cultive l?élégance, a pratiqué la boxe et la bonne école du noble art lui a appris à se battre. C?est aussi un passionné de football et il a même été le président du NAHD. Aujourd?hui, cette passion l?a poussé à envisager la création d?une équipe dans sa ville natale.
Portrait d?un patron qui en pince pour le ballon rond.
InfoSoir : Quand avez-vous fondé Mondial Prestige ?
M. Derbah : Je l?ai fondée en 1985. Disons que c?est une entreprise familiale qui fait dans le meuble et tout ce qui concerne le mobilier de bureau.
Pourquoi avez-vous choisi ce nom : Mondial Prestige ?
C?est tout simple. «Mondial» parce que nous avons des partenaires du monde entier, entre autres du Venezuela, de France, de Chine et des Emirats arabes unis. J?ai ajouté le mot «Prestige» parce que notre but est la recherche de la grandeur à travers la qualité de nos produits.
Fabriquez-vous vos produits en Algérie ?
A ce jour, nous importons la majorité de nos produits, mais nous avons une usine qui est en voie de finition et bientôt nous pourrons fabriquer à près de 90% nos meubles en Algérie.
Quelle taille du marché algérien souhaitez-vous conquérir ?
D?abord, je dirais que le marché algérien du mobilier de bureau est vaste et vierge. Il y a une certaine concurrence et mon but est de couvrir toutes les wilayas du pays. C?est aussi pour cela que j?ai envisagé la construction d?une usine de fabrication.
Le fait de monter cette usine prouve aussi que votre entreprise est prospère?
Grâce à Dieu, j?estime que nous avons su nous positionner sur le marché et répondre à la demande de la clientèle algérienne.
Vous êtes aussi un ancien boxeur et vous semblez avoir réussi comme Foreman aux Etats-Unis. La boxe serait-elle une bonne école pour réussir dans les affaires ?
La comparaison avec Foreman est un peu exagérée car lui c?est un grand champion professionnel, alors que moi je n?ai combattu qu?en amateur. En général, les jeunes qui vont vers la boxe sont ceux qui sont pauvres ou orphelins, qui n?ont pas d?autre choix pour se faire une place dans la société. Effectivement, la boxe a été pour moi une excellente école de la vie.
? où l?on apprend à démolir l?adversaire ?
Non, pas tout à fait. C?est vrai sur un ring, on doit combattre sans faire de sentiment. Mais en dehors, c?est le respect de l?autre et l?amitié qui prédominent. Moi j?ai débuté à l?OHD puis j?ai eu l?occasion d?être dirigé par Ammi Djelloul qui est actuellement malade et auquel je souhaite un prompt rétablissement par le biais de votre journal. Il nous a appris à tout partager dans la fraternité malgré l?adversité qui régnait sur le ring.
La boxe vous a-t-elle aussi appris à vous battre dans le monde impitoyable des affaires ?
Oui, tout à fait. En fait, la boxe ce n?est pas comme le football où vous pouvez toujours compter sur un coéquipier pour vous soutenir dans vos efforts ou récupérer par exemple un ballon perdu. En revanche, sur un ring, on est seul face à l?adversaire. Il ne faut compter que sur soi et la moindre erreur se paie cash. Il faut toujours être concentré et réagir en quelques secondes. Effectivement, cela m?a aidé à affronter le monde des affaires où il faut être vigilant et savoir prendre des décisions rapides et efficaces.
Vous avez aussi une expérience de dirigeant d?un club de football puisque vous avez été président du NAHD?
J?ai toujours aimé le sport et il était normal que je devienne le dirigeant du club de mon quartier, le NAHD, mais je dois vous préciser que je n?ai occupé le poste de président que pendant six mois.
Quelle expérience en gardez-vous ?
Plutôt mauvaise parce que j?ai démissionné du fait que ce que j?y ai vécu n?était pas conforme à mon idéal sportif.
C?est-à-dire?
Moi, je suis partisan de la stabilité et du travail soutenu et à long terme. Mes modèles sont l?A.J. Auxerre, la JSK de Khalef et Ziwotko et le NAHD de l?après-indépendance qui était sous la conduite de Bellamine.
Mais le jour où je me suis retrouvé à l?intérieur du club, je me suis aperçu que nous avions un football du week-end seulement et que les gens n?étaient présents que le jour du match. Moi, je voulais engager un entraîneur que j?aurais laissé travailler pendant trois ans au moins avant de lui demander des comptes. Ensuite, je ne pouvais concevoir de diriger un club sans infrastructures de base minimales, c?est-à-dire une salle de musculation, un restaurant et un terrain en gazon naturel.
Vous êtes, paraît-il, un opposant farouche du tartan ?
Oui, parce que, pour moi, le football est né et doit se pratiquer sur du gazon naturel et rien d?autre. Je peux vous dire que le monde du foot algérien m?a déçu.
Malgré cette déception, envisagez-vous de présider à nouveau un club ?
Non, pas dans les conditions actuelles, car rien n?a changé depuis 1993. Au lieu d?acheter des joueurs à coups de centaines de millions, on devrait d?abord penser à investir ces sommes dans la construction d?infrastructures. D?ailleurs, à ce sujet, j?ai une anecdote avec Georges Leekens.
Pourriez-vous nous la raconter ?
Dès son arrivée en Algérie, j?ai eu l?occasion de rencontrer Leekens au cours d?un déjeuner, chez moi, avec des amis. Ensuite, nous sommes allés voir un match de championnat de première division au stade de Kouba. C?était la première fois que Leekens mettait les pieds dans un stade algérien. Nous étions assis, pas très à l?aise, sur des travées en béton alors que la rencontre se déroulait sur un tartan désuet. A la fin du match, j?ai croisé le regard de Leekens. Il semblait très déçu et, à ce moment-là, j?ai eu la certitude qu?il n?allait pas s?éterniser en Algérie. Je crois qu?il a très vite compris qu?un professionnel comme lui ne pouvait pas travailler sans infrastructures et dans un environnement amateur.
Vous êtes amer et pessimiste?
Oui, parce que le sport, que ce soit le foot, la boxe ou toute autre discipline, est en train de mourir à petit feu.
Mais ne pourriez-vous pas le faire revivre en devenant, par exemple, promoteur de galas de boxe ?
Mais organiser des galas avec qui ? Il n?y a même pas de boxeurs. De mon temps, je me souviens qu?il y avait de nombreux galas rien qu?à Alger et tous les médias en parlaient. Aujourd?hui, alors que la population d?Hussein Dey s?est multipliée par dix ou même plus, on a toujours la même salle de boxe qui existait du temps de la colonisation. Alors, comment voulez-vous promouvoir le noble art dans de telles conditions ?
Et sachez qu?un boxeur ne se fabrique pas en un mois. Il faut de longues années de travail dans des salles bien équipées.
Le ponsoring vous tente-t-il ?
Là non plus, pas dans ces conditions. Le sponsoring est un partenariat qui doit rapporter à toutes les parties. Il n?est pas question de donner de l?argent sans savoir où il va. Prenons le cas du NAHD, que je connais bien. Depuis la première fusion avec Air Algérie dans les années 1970, le club a reçu des milliards. Mais qu?en est-il de la commune d?Hussein Dey ?
Un stade du Moyen-Age et une salle poubelle, c?est tout. Mes enfants ainsi que les nombreux jeunes n?ont aucune infrastructure pour pratiquer une discipline sportive. Même les terrains vagues d?où sont sortis les Fergani, Ighil et autres ont disparu, emportés par le béton. Au lieu de faire le bonheur des clubs, l?argent a fait leur malheur parce qu?il a été mal géré.
Malgré cela, on vous prête l?intention de créer un club de foot à Ziama Mansouriah...
C?est vrai, parce que c?est le village où je suis né. Ensuite, j?ai été émerveillé par la technique des jeunes que je vois jouer sur les plages en été. Ce sont des surdoués. Alors, je veux tenter ma propre expérience en fondant un club avec mon propre argent et que je pourrais gérer avec mes convictions. Seulement, je ne pourrais pas y arriver seul. Il faudra que les pouvoirs publics, comme l?APC, s?impliquent aussi.
Hormis la boxe, avez-vous pratiqué un autre sport ?
Non, mais, aujourd?hui, j?entretiens ma forme en effectuant des footings réguliers.
Quels sont vos sportifs préférés ?
Il y a eu Ould Makhloufi, un boxeur remarquable et très doué et, actuellement, il y a Zidane qui m?enchante. Comme je suis notre championnat national, j?apprécie la stabilité de l?USMA ainsi que ses jeunes, notamment Hocine Achiou, qui est pour moi le meilleur joueur algérien actuel.


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