On sait que de nombreux peuples anciens vénéraient le singe, dans lequel ils voyaient souvent des êtres divins, ressemblant à l'homme, mais supérieurs. Quand on ne le vénérait pas, on le craignait, car on lui attribuait des pouvoirs magiques. Dans l'Egypte antique déjà, il était l'incarnation du dieu Toth et il représentait les lettrés et les savants. Chez les Tibétains, il est le fils du ciel et de la terre et il accompagne le sage dans sa recherche de la vérité. Chez les Indiens d'Amérique, le singe est un héros civilisateur, inventeur du feu,par frottement. Ainsi, selon Diodore de Sicile, les populations des confins de la Tunisie et de l'Algérie vénéraient le singe qui pouvait aller et venir dans la maison sans être inquiété. Dans une expédition à l'intérieur des terres maghrébines, Eumaque, lieutenant d'Agathocle, a traversé une région où les singes vivaient familièrement avec les hommes. Il y avait même, dans cette région, trois villes qui portaient le nom du singe. Le périple de Scylax signale, au IVe siècle, une autre ville, portant le nom du singe : cette ville était située entre Bizerte, en Tunisie, et Skikda, en Algérie). Aujourd'hui, le singe a beaucoup perdu de son prestige, il est devenu un objet de moquerie et de dérision. Une insulte grave est de se faire traiter de singe ou de guenon : le mot englobe à la fois la laideur physique, l'imitation servile et les comportements inconséquents.