Résumé de la 20e partie n Dès le début du procès, l'avocat de Beck s'appuie sur les témoignages de graphologie. Beck n'a pu composer des écrits parce que, à l'époque des escroqueries, il était en Amérique. Le procureur Avery, comprenant la stratégie de l'avocat, n'interroge pas l'expert sur les écrits de 1877. L'avocat de Beck demande au président Fulton. — Votre Honneur, je vous demande l'autorisation d'interroger monsieur Gurrin sur les écrits de 1877… Avery réagit aussitôt. — Je m'y oppose ! vous savez bien que la loi britannique interdit tout interrogatoire relatif à une condamnation antérieure du prévenu, tant qu'il n'a pas été jugé pour les faits en instance de jugement. Et il ajoute, avec une certaine perfidie : — C'est une mesure destinée à protéger le prévenu, pour ne pas influencer les jurés qui se prononceront sur son affaire ! L'avocat s'emporte aussitôt. — vous n'avez pas le droit de nous priver d'un témoignage à même de prouver l'innocence de notre client ! La loi est la même pour tous, rétorque le procureur. — votre requête touche à un fait passé, sans relation avec la procédure actuelle ! — au contraire, dit l'avocat, ce passé que vous voulez nous empêcher d'évoquer est à même d'apporter des réponses aux questions que nous nous posons tous ici : Adolf Beck est-il, oui ou non, coupable ? Comment peut-on lui attribuer des documents qu'il aurait écrits en Angleterre alors qu'il ne s'y trouvait pas ! Et nous avons des preuves que durant la période où agissait John Smith, Adolf Beck était en Amérique du Sud. Le procureur demande au juge Fulton de décider si la question doit être inscrite ou pas. — non, dit le juge, il faut respecter la loi, la question ne sera pas inscrite ! Avery, recroquevillé dans son fauteuil a un sourire mauvais. Il vient de remporter la manche, en attendant de remporter la victoire. En n'évoquant pas l'année 1877, l'avocat Gill ne peut donc produire les témoignages des hommes et des femmes qui soutiennent que Adolf Beck, en 1877, ne se trouvait pas en Angleterre, mais en Amérique du Sud. La défense est ainsi privée de l'occasion de prouver l'innocence de son client. L'accusation va également perdre un atout, puisqu'elle ne pourra pas, à cause de la même loi, produire les dépositions de ses deux principaux témoins : les policiers Spurrel et Redstone qui, dix-neuf ans plus tôt, avaient procédé à l'arrestation de John Smith. Les deux hommes ont déclaré, sous serment, que Smith et Beck sont un seul et même homme. Mais en fait, le procureur Avery peut se passer du témoignage des deux hommes, dans la mesure où celui des victimes de Beck suffit largement. Sur les vingt femmes que le prévenu aurait escroquées, dix se présentent à la barre. A chacune, on posera la même question. «Reconnaissez-vous en Adolf Beck, ici présent, l'homme qui a abusé de votre confiance ?» Elles répondent affirmativement, sauf une. (à suivre...)