Récit n Le conte a été longtemps un véhicule de croyances et de mythes, un moyen d'enseignement. La vie quotidienne d'un pays, c'est sa culture, ses habitudes, ses mentalités, ses problèmes aussi… Mais c'est aussi son imagination, sa capacité à produire des légendes et des contes… Le conte populaire, il n'y a pas de doute, est le genre littéraire le plus universel, c'est sans doute aussi le plus ancien. On le retrouve dans les plus vieux papyrus égyptiens comme dans les tablettes cunéiformes de Babylone. Et aujourd'hui, encore, il n'y a pas de culture, il n'y a pas de civilisation qui n'ait pas ses contes. C'est aussi, l'un des genres le plus publié dans le monde, puisque les contes édités se comptent par millions d'exemplaires… L'Algérie possède un riche patrimoine dans ce domaine. Même si les publications sont de plus en plus nombreuses, un grand nombre de contes ne sont toujours pas transcrits. Contes en berbère ou en arabe populaire, contes des différentes régions : le travail de collecte ne fait que commencer. Mais il faut regretter que les universités algériennes ne forment pas assez de spécialistes pour recueillir ce riche patrimoine. Dans cette série, nous allons rapporter un certains nombre de contes et légendes relevés dans diverses parties de l'Algérie. Si certains contes sont connus, d'autres le sont moins et sont même inédits. A chaque fois, nous présenterons brièvement la région où ils ont été recueillis. Nous présenterons, au départ, quelques informations générales sur le conte qui, répétons-le, est le genre le plus ancien du monde ! Il faut d'abord dire que le conte, contrairement, à ce que l'on croit, n'est pas un genre exclusivement réservé aux enfants. Et dans beaucoup de familles, la récitation des contes se fait aussi bien devant un public d'enfants que d'adultes. Le conte a été longtemps un véhicule de croyances et de mythes, un moyen d'enseignement des règles et des lois, ou encore le canal par lequel un peuple consigne les événements les plus marquants de son histoire. L'un des mythes les plus prestigieux et le plus ancien du monde est le conte sumérien de Gilgamesh, qui rapporte un récit du déluge. Gilgamesh, roi d'Uruk (Erech), cherchait un moyen de ramener à la vie son ami Engidu qui venait de mourir. Il apprit qu'un certain Ut-napishtim, qui avait survécu au déluge ayant submergé autrefois la terre, était devenu immortel. Il se rendit auprès de lui et lui demanda son secret. Ut-napishtim lui répondit qu'il n'avait pas de secret, mais qu'il avait bénéficié, en raison de sa piété, de la bienveillance des dieux. Il lui raconta alors l'histoire de Shuruppak, sur laquelle les dieux ont déchaîné les eaux. Auparavant, la déesse Ea a suggéré en rêve à Ut-napishtim, de démolir sa cabane et de construire, avec les planches, un navire. Il obéit et construisit une nef cubique, y fit entrer sa famille, ses ouvriers, ses serviteurs, ses animaux domestiques ainsi que les bêtes qu'il trouva. La pluie inonde bientôt la terre et le bateau vogue encore plusieurs jours avant de s'échouer sur le mont Nisir. Ut-napishtim attendit encore sept jours et lâcha une colombe, mais celle-ci revint n'ayant pas trouvé de terre. Il envoya une hirondelle qui revint également. Enfin, il lâcha un corbeau qui, lui, ne retourna pas au vaisseau. Les eaux s'étaient donc retirées. Ut-Napishtim libéra les gens et les bêtes et fit un sacrifice aux dieux. Ceux-ci lui accordèrent, ainsi qu'à son épouse, l'immortalité. Cette histoire, rappelle l'histoire de Noé, rapporté par l'Ancien Testament et le Coran. Elle n'en est sans doute qu'une corruption de l'histoire du prophète monothéiste. (à suivre...)